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Théories du complot : on nous cache tout, on nous dit rien

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Théories du complot : on nous cache tout, on nous dit rien Empty Théories du complot : on nous cache tout, on nous dit rien

Message par Invité Mar 31 Oct - 18:31

J'ai regardé  sur une chaine télé ( Planète, je crois ) un "documentaire" appelé " Vraie Jeanne-Fausse Jeanne" tendant, à conclusion ouvertement orientée : selon les commentateurs, Jeanne la Pucelle d'Orléans ne serait pas morte sur le bûcher à Rouen en mai 1431; elle était en réalité une princesse royale ( la demi-soeur de Charles VII, probablement ); elle aurait été une espèce d'agent secret envoyé en mission pour réveiller le patriotisme défaillant des Français, foutre la trouille aux Anglois, délivrer Orléans, faire sacrer son demi-frère)....Une fois sa mission terminée, elle aurait été mise au "vert" pendant 5 ans. La personne qui  périt a sa place sur le bûcher était une malheureuse condamnée qui n'avait rien à voir dans cette histoire.
En 1436, Jeanne réapparut , tout d'abord sous le nom de Claude des Armoises, puis sous celui de Jeanne des Armoises. Elle abandonna son vœu de virginité perpétuelle puisqu'elle convola en juste noces ave un seigneur des Armoises. Elle se rapprocha de deux de ses frères ( ou de ceux qui se faisaient passer pour tels ), qui flairèrent là l'occasion de gagner quelque argent, elle fut reconnue par quelques habitants d'Orléans ( qui ne l'avaient vue, en mai 1429, que quelques jours ), mena quelques actions guerrières ....mais finalement, ne fut pas reconnue par le roi Charles VII !
Au départ de cette histoire rocambolesque - usurpation d'identité, mais l'Histoire en fourmille : il y a eu des faux Néron, des faux Louis XVII, des faux Alexandre Ier de Russie, un faux maréchal Ney, une fausse princesse Anastasia...et Martin Guerre, pour n'en citer que quelques-uns ! - il y a bien sûr l'extraordinaire personnalité de Jeanne, laquelle était la fille non d'un pauvre paysan, mais d'un riche paysan, puisque son père était le "régisseur" du hobereau local. Une fille qui, ayant prononcé le vœu de virginité, eut le cran de demander, en 1428, la rupture de ses fiançailles ( oui, elle a été fiancée ) à l'archevêque du coin. Une fille, qui, occasionnellement, conduisait le bétail dans les prés ( non, elle n'était pas bergère professionnelle ), une fille qui n'hésita pas à importuner plusieurs fois le capitaine de Vaucouleurs pour qu'il lui prête une escorte armée chargée de la protéger jusqu'à Chinon.
Manipulée par Yolande d'Aragon - la belle-mère de Charles VII - ? Peut-être....on ne le saura jamais .
De qui étaient les voix qu'elle entendit ? On ne le saura jamais.

En tout cas, peu après sa mort, il y eut floraison de fausses Jeanne. Claude des Armoises n'est que la plus célèbre.
Cette Claude des Armoises a réellement existé, mais ses "exploits", ses prétentions à être la "vraie" Jeanne ont été largement surestimés en 1645 par un prêtre Jérôme Vignier, qui "trouva" une certaine "chronique du doyen de Saint-Thibaut" datant du 15ème siècle . Ce Jérôme Vignier avait des sympathies non dissimulées pour la Maison de Lorraine, et, de plus, n'hésita pas à l'occasion à "manipuler" d'autres documents. Bref, la plupart des historiens le considèrent comme un faussaire.

Alors, bien sûr, lorsque des historiens sérieux - mais "académiques", c'est-à-dire " ringards et réactionnaires, dans l'esprit des complotistes - entendent ou lisent de telles fariboles sur "Jeanne des Armoises" - je pense à Colette Beaune, elle est indignée. Et Jacques le Goff ou Régine Pernoud doivent se retourner dans leurs tombes .



Ci-dessous ce que j'ai trouvé sur un forum "histoire", qui ironise sur les théories "complotistes" si fréquentes à notre époque :
M. Ferrand est l'auteur d'un ouvrage (en 2008) au titre accrocheur : L'Histoire interdite : Révélations sur l'Histoire de France.

Une histoire interdite par qui ? Des révélations sur quoi ?

D'emblée, notre chevalier plus blanc que blanc annonce la couleur :

" Le présent ouvrage va me faire des ennemis, m'attirer la condescendance des mandarins et peut-être, me créer des ennuis. On ne s'attaque pas impunément à certains bastions... Cependant j'assume les inconvénients de cette entreprise, et d'autant plus volontiers que j'ai le sentiment, en bravant quelques interdits, d'ouvrer à l'avancée de la seule cause qui vaille pour un homme dont l'existence est vouée à l'histoire événementielle : le lent progrès - l'inexorable progrès - de la vérité. "

Aussi, notre preux héros décidé à braver tous les dangers, nous développe sans rire cinq sujets super-secrets, du jamais révélé ni jamais lu. Accrochez-vous, ça va chahuter :

- Alésia ne se trouve pas à Alise-Sainte-Reine en Bourgogne, mais à Chaux-des-Crotenay dans le Jura.

- Jeanne d'Arc n'est pas une simple bergère lorraine, mais une noble manipulée par des intrigues de cour.

- Corneille a écrit les pièces de Molière.

- Napoléon n'est pas inhumé aux Invalides

- L'affaire Dreyfus cachait une autre affaire d'espionnage impliquant un important personnage militaire.

Et "on" vous cache toutes ces importantes révélations !

Révélations jamais lues ? Non bien sûr. Car pour chaque chapitre, M. Ferrand s'appuie sur un auteur (un par chapitre) bien entendu injustement ignoré par l'historiographie.
Pour Alésia, c'est André Berthier, pour Jeannne d'Arc, c'est Marcel Gay, pour Corneille, c'est Philippe Erlanger et enfin Henri Guillemin pour l'affaire Dreyfus.

Donc rien de nouveau sous le soleil puisque tous ces auteurs ont publié leurs ouvrages, depuis près de cinquante ans pour certains, comme Guillemin.

Je vais focaliser sur le dernier sujet, puisque c'est celui que je connais le mieux.
En réponse au livre de Marcel Thomas, l'Affaire sans Dreyfus, qui révolutionne l'histoire de l'Affaire en 1961, Henri Guillemin, publie L'énigme Esterhazy (Gallimard, 1962).

Dans ce livre, Guillemin émet une hypothèse, qui n'était pas nouvelle, selon laquelle Dreyfus était la victime, on dirait colatérale aujourd'hui, (tout à fait innocente) d'une vaste affaire d'espionnage impliquant le généralissime de l'époque, Félix Saussier, par l'intermédiaire du vrai coupable de la trahison, le fameux commandant Esterhazy et son ami Weil.

Non seulement, Guillemin exprimait une opinion personnelle en reconnaissant qu'elle ne s'appuyait que sur très peu d'éléments de preuve, mais au surplus, un an plus tard, il écrit un article paru dans le Monde, dans lequel il en revient !

C'est qu'en effet, des contre-arguments massifs lui sont parvenus des spécialistes, lesquels anéantissent complètement cette hypothèse. Outre le fait que l'on se demandera longtemps comment le généralissime de l'armée française eût accepté de se livrer à l'espionnage contre son pays, le premier argument, c'est que le colonel Picquart, chef des renseignement militaires, ignora tout de cette hypothèse, alors qu'il en eut été le premier informé dans le cas contraire.

Par conséquent, en tout cas dans ce chapitre, M. Ferrand s'appuie sur un texte dont l'auteur lui-même a reconnu l'invraisemblance en 1963 ! Est-ce sérieux ?

On voit donc, au travers de ce simple exemple, que l'on est très loin de l'histoire, avec ce récit d'historiettes mâtinées du piment de la théorie du complot qui permet de faire passer des fadaises pour des vérités secrètes enfin révélées.

Vous appelez cela de l'Histoire ?

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