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Eastern boys

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Eastern boys Empty Eastern boys

Message par Invité Jeu 24 Aoû - 18:22

Vu sur Arte, hier soir.


J'ai failli zapper quand j'ai cru à un banal film sur l'homosexualité, mais tout de suite le suspens s'est installé et a définitivement capté mon attention. 


(un conseil pour regarder ARTE : faites pipi avant le film ; ya pas de pubs  Very Happy)

http://www.lemonde.fr/culture/article/2014/04/01/eastern-boys-la-rencontre-de-deux-corps-etrangers_4393284_3246.html

Eastern Boys, son deuxième long-métrage, arrive dix longues années plus tard, que Robin Campillo n'a pas passées à se tourner les pouces. Pendant cette décennie, il a poursuivi son étroite collaboration avec Laurent Cantet dont il est à la fois le coscénariste et le monteur. Double fonction paradoxale si l'on considère que la dernière étape de fabrication du film (le montage) se fait bien souvent « contre » la première (le scénario). Mais dont on pressent, aussi, à quel point elle peut être propice à la remise en question des canons de l'écriture cinématographique.
La première chose qui frappe dans Eastern Boys, fiction qui naît de la rencontre entre un quadragénaire homosexuel, plutôt branché, et un jeune immigré russe sans papier, c'est justement l'originalité, l'ampleur et la formidable efficacité de son récit. Thriller en mode mineur qui distille sa tension anxiogène par petits jets, ce film pose une question dont l'enjeu est aussi bien esthétique que politique : comment la rencontre de deux corps étrangers peut-elle provoquer celle de deux mondes qui s'ignorent ?




Comment ce qui aurait pu n'être qu'une vulgaire passe, oubliée aussi vite qu'elle s'est déroulée, va-t-elle entraîner un bourgeois parisien dans la réalité violente d'une petite frappe originaire d'Europe de l'Est ? Comment ce personnage va-t-il glisser d'un rapport consumériste au corps à une relation de pleine reconnaissance de l'autre ? Comment cela va-t-il l'acculer, finalement, à faire des choix politiques qui engagent tout son être ?
UNE MISE EN SCÈNE TENDUE ET DYNAMIQUE
Le programme peut sembler lourd pour un seul film, mais la mise en scène tendue et dynamique de Campillo l'allège considérablement. Visiblement influencé par des séries américaines comme « The Wire » qui puisent leur souffle romanesque dans le terreau d'une réalité sociale très documentée, le cinéaste construit son film comme un collage de quatre grands blocs narratifs à géométrie et temporalité variables.
Filmé gare du Nord, le premier se déploie en une formidable chorégraphie, jouant avec les mouvements des voyageurs en marche, les parcours fluctuants de ceux qui zonent sur place, que ce soit pour vendre, pour mendier, pour voler ou pour surveiller. L'image se resserre légèrement sur ceux qui deviendront les personnages du film, les perd de nouveau, puis les ressaisit pour ne plus les lâcher.




D'un côté il y a Daniel (Olivier Rabourdin), bourgeois en quête de chair fraîche, des billets plein le portefeuille qu'il ne comptera pas pour arriver à ses fins. De l'autre Marek, 20 ans à tout casser, l'insolence bravache de l'enfant des rues, qui le repère, le balade, l'attire sous un escalier. Marek fait partie d'un gang, des garçons de l'Est qui jouent à cache-cache avec la police, dont on ne sait pas bien à ce stade du film ce qu'ils trafiquent. Une fois son prédateur harponné, Marek se dérobe, attisant son désir jusqu'à le tenir en son pouvoir et lui arracher une invitation à domicile – et non, comme celui-ci le souhaitait, un rendez-vous dans une chambre d'hôtel.
UN CINÉASTE ÉMINEMMENT POLITIQUE
Cette invitation est l'objet de la vertigineuse deuxième partie, dans laquelle le pauvre Daniel, victime de sa concupiscence, se retrouve pris en otage dans son propre appartement où il finira par s'abandonner à un étrange syndrome de Stockholm. Nous ne révélerons rien de l'épisode, tant la mécanique du film repose sur ses retournements scénaristiques successifs.
La troisième partie voit la tension retomber et un parfum douceâtre recouvrir provisoirement celui qui flottait jusque-là.
La quatrième rebat encore une fois les cartes pour faire exploser, dans un final digne d'un grand film d'action, les signaux dormants qui distillaient depuis le début un climat anxiogène.
Tout en variation de rythme et de régime, la mise en scène de Campillo réussit à embrasser dans un seul mouvement la complexité du monde et des affects, à appréhender les personnages dans les liens qui les unissent les uns aux autres, et au monde dans lequel ils vivent. Soit ici la France de l'Europe de Schengen, qui éjecte sans ménagement ses passagers clandestins, et dans laquelle sauver une personne peut vouloir dire en condamner d'autres. Loin de l'angélisme dont ont pu récemment témoigner certains films sur le même sujet, la démarche de Campillo, cinéaste éminemment politique, questionne le sens de la responsabilité et de l'action. Et l'exercice, malgré un happy end de façade, laisse un goût amer.

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/culture/article/2014/04/01/eastern-boys-la-rencontre-de-deux-corps-etrangers_4393284_3246.html#pEWaFlgH27b1XHMH.99

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