La Commune au jour le jour !
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La Commune au jour le jour !
13 mars 1871
https://www.humanite.fr/la-commune-de-paris-au-jour-le-jour-13-mars-1871-mort-du-bebe-de-victorine-701361
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Invité- Invité
Re: La Commune au jour le jour !
14 MARS 1871 - Lire l'article
[size=33] Jeudi 14 avril 1870, au Creuzot, à Fourchambault, à Dieulefit, à Verneuil…[/size]
Date: 14 avril 2018Author: macommunedeparis
[size=33] Jeudi 14 avril 1870, au Creuzot, à Fourchambault, à Dieulefit, à Verneuil…[/size]
Date: 14 avril 2018Author: macommunedeparis
Une nouvelle dépêche télégraphique du Creuzot ouvre le journal
Creuzot, 12 avril, 6 h. 40 m. soirRépression croissante.Nombreux mandats de comparution lancés contre des femmes, mères de famille.
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Re: La Commune au jour le jour !
15 mars 1871
IL Y A CENT CINQUANTE ANS
15 mars 1871, protestations de Blanqui et de Flourens sur les murs de Montmartre
Date: 15 mars 2021
Author: macommunedeparis
Nous l’avons vu (dans notre article du 10 mars), un conseil de guerre a condamné à mort par contumace les citoyens Blanqui et Flourens pour cause de 31 octobre. Quelques jours après, la presse rapporte que tous deux ont fait afficher des protestations sur les murs de Montmartre, « près de leurs chers canons », dit le Journal des Débats. Et un autre, Paris-Journal, va recopier ces protestations. Je les ai copiées dans Le Messager de Paris (daté du 17 mars). Les citations sont en vert.
Voici le texte de Gustave Flourens:
Citoyens,
En présence du jugement qui me frappe, il est de mon devoir de protester de la façon la plus énergique contre la violation de tous les droits inscrits dans toutes les constitutions.
L’accusé doit être jugé par ses pairs. Tel est le texte de la loi. Or je dénie complètement aux assassins patentés de la réaction le titre de juges. Nommés par un pouvoir qui n’avait encore été reconnu par personne, le 31 octobre 1870, ils ne peuvent puiser leur puissance qu’en dehors de la loi. D’ailleurs, j’ai appris par une longue expérience des choses humaines, que la liberté se fortifiait par le sang des martyrs.
Si le mien peut servir à laver la France de ses souillures et à cimenter l’union de la patrie et de la liberté, je l’offre volontiers aux assassins du pays et massacreurs de janvier.
Salut et fraternité.
G. FLOURENS.
Et voici la proclamation du citoyen Blanqui — envoyée par la poste à un de ses amis? Nous l’avons dit dans notre article du 19 février, Auguste Blanqui se trouve à Loulié, près de Figeac (voir aussi notre article à venir du 17 mars):
Citoyens,
Le 4 septembre, un groupe d’individus qui, sous l’empire, s’était créé une popularité facile, s’était emparé du pouvoir. À la faveur de l’indignation générale, ils s’étaient substitués au gouvernement pourri qui venait de tomber à Sedan. Ces hommes étaient les bourreaux de la République de 1848. Cependant, à la faveur du premier moment de surprise, ils se sacrèrent arbitres de la destinée de la France. Les vrais républicains, ceux qui, sous tous les gouvernements avaient souffert pour leurs croyances, virent avec douleur cette usurpation des droits de la nation. Pourtant le temps pressait, l’ennemi approchait: pour ne pas diviser la nation, chacun se mit de toutes ses forces à l’œuvre de salut. Espérant que l’expérience avait appris quelque chose à ceux qui avaient été pour ainsi dire les créateurs de l’empire, les républicains les plus purs acceptèrent sans murmurer de servir sous eux, au nom de la République.
Qu’arriva-t-il? Après avoir distribué à leurs amis toutes les places où ils ne conservaient pas les bonapartistes, ces hommes se croisèrent les bras et crurent avoir sauvé la France. En même temps l’ennemi enserrait Paris d’une façon de plus en plus inexorable, et c’était par de fausses dépêches, par de fallacieuses promesses que le gouvernement répondait à toutes les demandes d’éclaircissement.
L’ennemi continuait à élever ses batteries et ses travaux de toute sorte, et à Paris, 300,000 citoyens restaient sans armes et sans ouvrage, et bientôt sans pain sur le pavé de la capitale.
Le péril était imminent, il fallait le conjurer. Or, au gouvernement issu d’une surprise, il fallait substituer la Commune, issue du suffrage universel. De là le mouvement du 31 octobre. Plus honnêtes que ceux qui ont eu l’audace de se faire appeler le gouvernement des honnêtes gens, les républicains n’avaient pas ce jour-là l’intention d’usurper le pouvoir. C’est du peuple, réuni librement devant les urnes électorales, qu’ils en appelaient du gouvernement incapable, lâche et traître. Au gouvernement issu de la surprise et de l’émotion populaire, ils voulaient substituer le gouvernement issu du suffrage universel.
Citoyens,
C’est là notre crime. Et ceux qui n’ont pas craint de livrer Paris à l’ennemi avec sa garnison intacte, ses forts debout, ses murailles sans brèche, ont trouvé des hommes pour nous condamner à la peine capitale.
On ne meurt pas toujours de pareilles sentences. Souvent on sort de ces épreuves plus grand et plus pur. Si l’on meurt, l’histoire impartiale vous met tôt ou tard au-dessus des bourreaux qui, en atteignant l’homme, n’ont cherché qu’à tuer le principe.
Citoyens,
Les hommes ne sont rien, les principes sont seuls immortels. Confiant dans la grandeur et dans la justice de notre cause, nous en appelons du jugement qui nous frappe au jugement du monde entier et de la postérité. C’est lui qui, si nous succombons, fera, comme toujours, un piédestal glorieux aux martyrs de l’échafaud infamant élevé par le despotisme ou la réaction.
Vive la République !
BLANQUI.
Ce texte, sous le titre de « Proclamation Blanqui », sera re-publié dans le Journal officiel (qui sera alors celui de la Commune) le 21 mars.
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Re: La Commune au jour le jour !
16 mars 1871
Deux cents bataillons ont adhéré à la fédération de la garde nationale
Dès après-demain et pour plusieurs jours, le seul pouvoir un peu organisé dans Paris sera le comité central de la garde nationale.
Le citoyen Boursier proposa aux délégués de mettre à l’étude de leurs cercles respectifs la motion suivante:
Dans le cas où, comme certains bruits tendent à le faire croire, le siège du gouvernement viendrait à être transporté ailleurs qu’à Paris, la ville de Paris devrait se constituer immédiatement en République indépendante.
Il n’y a pas davantage de précision dans le livre de George Guillaume — qui n’a pas été écrit très longtemps après les faits (comme l’indiquent sa date de publication, 1871, mais aussi le fait, par exemple, que l’auteur croyait que Jules Vallès avait été tué sur une barricade de la semaine sanglante).
À la date du 15 mars, plus de 200 bataillons avaient adhéré aux statuts de la Fédération; mon bataillon, assez insouciant d’ordinaire pour tout ce qui touchait à la politique, avait envoyé son adhésion; les délégués furent nommés dans une réunion fort peu nombreuse; il y avait, dans tout mon quartier, une extrême indifférence, qui contrastait singulièrement avec l’ardeur et l’enthousiasme des faubourgs républicains.
Il l’avait déjà signalé. Son quartier était (quelque part) dans le sixième arrondissement — qui était aussi l’arrondissement des relieurs, celui d’Eugène Varlin et de La Marmite.
J’ai dit, dans un précédent chapitre, que les canons enlevés au parc de la place Wagram, avaient été dirigés dans les quartiers éloignés; une partie de ces canons avait été amenée par les bataillons de Montmartre au boulevard Ornano, et pendant quelques jours, ces bataillons montèrent la garde tour à tour pour les protéger. Puis, quelque temps après, il fut décidé, dans une réunion tenue à la salle Robert, rue des Rosiers, 6, que les canons seraient placés sur la butte Montmartre, afin de pouvoir mieux résister aux coups de mains des partisans des idées monarchiques. Les républicains de Montmartre formèrent, en dehors de la Fédération, un Comité indépendant qui fut chargé de la défense des buttes. Ce Comité siégea dès lors en permanence, rue des Rosiers, 6, et poussa activement les travaux de défense qui devaient convertir les buttes Montmartre en une citadelle hérissée de canons, et protégée par des tranchées et des épaulements.
Deux cents bataillons ont adhéré à la fédération de la garde nationale
Dès après-demain et pour plusieurs jours, le seul pouvoir un peu organisé dans Paris sera le comité central de la garde nationale.
Le citoyen Boursier proposa aux délégués de mettre à l’étude de leurs cercles respectifs la motion suivante:
Dans le cas où, comme certains bruits tendent à le faire croire, le siège du gouvernement viendrait à être transporté ailleurs qu’à Paris, la ville de Paris devrait se constituer immédiatement en République indépendante.
Il n’y a pas davantage de précision dans le livre de George Guillaume — qui n’a pas été écrit très longtemps après les faits (comme l’indiquent sa date de publication, 1871, mais aussi le fait, par exemple, que l’auteur croyait que Jules Vallès avait été tué sur une barricade de la semaine sanglante).
À la date du 15 mars, plus de 200 bataillons avaient adhéré aux statuts de la Fédération; mon bataillon, assez insouciant d’ordinaire pour tout ce qui touchait à la politique, avait envoyé son adhésion; les délégués furent nommés dans une réunion fort peu nombreuse; il y avait, dans tout mon quartier, une extrême indifférence, qui contrastait singulièrement avec l’ardeur et l’enthousiasme des faubourgs républicains.
Il l’avait déjà signalé. Son quartier était (quelque part) dans le sixième arrondissement — qui était aussi l’arrondissement des relieurs, celui d’Eugène Varlin et de La Marmite.
J’ai dit, dans un précédent chapitre, que les canons enlevés au parc de la place Wagram, avaient été dirigés dans les quartiers éloignés; une partie de ces canons avait été amenée par les bataillons de Montmartre au boulevard Ornano, et pendant quelques jours, ces bataillons montèrent la garde tour à tour pour les protéger. Puis, quelque temps après, il fut décidé, dans une réunion tenue à la salle Robert, rue des Rosiers, 6, que les canons seraient placés sur la butte Montmartre, afin de pouvoir mieux résister aux coups de mains des partisans des idées monarchiques. Les républicains de Montmartre formèrent, en dehors de la Fédération, un Comité indépendant qui fut chargé de la défense des buttes. Ce Comité siégea dès lors en permanence, rue des Rosiers, 6, et poussa activement les travaux de défense qui devaient convertir les buttes Montmartre en une citadelle hérissée de canons, et protégée par des tranchées et des épaulements.
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Re: La Commune au jour le jour !
https://www.arte.tv/fr/videos/094482-000-A/les-damnes-de-la-commune/
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Re: La Commune au jour le jour !
17 mars 1871
L'appel de Thiers
Date: 17 mars 2021Author: macommunedepari
Auguste Blanqui a quitté Paris après son « dernier mot » du 12 février. Après Bordeaux (voir notre article du 19 février) où il n’est pas resté, il s’est rendu à Loulié avec sa sœur Mme Barellier, dans la propriété du docteur Lacambre, gendre de celle-ci (nous avons déjà rencontré ce médecin, journaliste, chef de bataillon, neveu et blanquiste dans plusieurs articles de l’automne dernier).
Entre temps, il a été condamné à mort (voir notre article du 10 mars).
Dans son livre L’Enfermé, Gustave Geffroy écrit (les citations sont en vert):
Ceux qui, comme Ranc, l’ont vu à cette époque, non élu député par Paris, condamné à mort par le tribunal militaire, le trouvèrent tout entier à l’idée fixe, ne songeant qu’à la France défaite, à l’Allemagne victorieuse. Cela, pour lui, engageait tout l’avenir, frappait d’avance de stérilité toute insurrection.
Je ne suis pas certaine que Ranc ait vu Blanqui après sa condamnation le 10 mars, mais n’ai pas de doute sur le reste de cette assertion. Geffroy écrit encore:
Puis, la fatigue s’ajoutait chez lui à la douleur, la maladie s’emparait du délicat organisme, de la volonté si résistante pendant les mois du siège. Il voulut un asile, un repos, une solitude où se reprendre. Dans les premiers jours de mars, il part pour Loulié, près de Bretenoux, dans le Lot, vers la maison du docteur Lacambre, qui avait épousé sa nièce. Ceux-ci quittaient leur logis, pour un voyage en Espagne, au jour de l’arrivée de Blanqui: il resta seul avec sa sœur, Mme Barellier. Il avait grand besoin de ses soins, s’alita immédiatement, atteint d’une bronchite aiguë.
Malheureusement, sa présence à Loulié n’était pas passée inaperçue, écrit Dommanget,
depuis que nuitamment avec trois amis, il avait passé la Dordogne en barque, éveillant ainsi les soupçons du batelier, les cancans locaux et l’attention de la gendarmerie voisine de Bretenoux.
Et il ajoute:
On savait aussi que Blanqui correspondait avec les membres les plus actifs du Comité Central de la garde nationale qui commençait à prendre figure de puissance sous l’influence commune des Internationaux et des blanquistes.
Enfin l’affiche que Blanqui venait de faire placarder à Paris pour protester contre sa condamnation à mort prouvait surabondamment qu’il importait de mettre à l’ombre un dangereux adversaire. À bien des égards, au demeurant, l’appel de Thiers aux « habitants de Paris » affiché dans la nuit du 17 au 18 mars, apparaît comme une riposte et à l’influence grandissante du Comité Central et à la protestation de Blanqui placardée sous forme d’affiche sur les murs de Montmartre.
Sur télégramme du Garde des Sceaux Dufaure, le procureur de la République de Figeac, Célestin Prunières, reçut le 16 mars l’ordre d’arrêter le « Vieux » qu’on surveillait déjà étroitement.
La chose fut exécutée le 17 mars, date que l’histoire doit enregistrer avec soin, car c’est le même jour que Thiers donna l’ordre de désarmer les Parisiens ce qui, on le sait, déclencha la Commune. On est donc en droit de se demander si avant de donner un pareil ordre qu’il savait devoir entraîner de terribles conséquences, le chef du pouvoir exécutif ne voulait pas s’assurer de la personne de Blanqui.
Gustave Geffroy termine la partie « Le siège de Paris » de son livre ainsi:
C’est au lit, dans l’après-midi du 17 mars, qu’il fut arrêté par les soins du procureur de Figeac, sur l’ordre du gouvernement. Il allait définitivement recevoir le salaire de la haute intelligence et des purs sentiments qu’il prouva pendant le siège de Paris.
Et il commence la partie suivante, « Château du Taureau », par cette phrase:
Ce qui se passa ensuite stupéfiera l’avenir.
Il s’agit des conditions de l’emprisonnement d’Auguste Blanqui, bien sûr. Mais ce qui se passa ensuite, c’est aussi, après l’après-midi du 17 mars, la nuit du 17 au 18… où, à Paris, fut affichée, comme l’a dit Dommanget, l’infâme affiche de l’infâme Thiers.
Nous verrons demain 18 mars ce qu’en dirent les habitants de Paris!
L'appel de Thiers
Date: 17 mars 2021Author: macommunedepari
Auguste Blanqui a quitté Paris après son « dernier mot » du 12 février. Après Bordeaux (voir notre article du 19 février) où il n’est pas resté, il s’est rendu à Loulié avec sa sœur Mme Barellier, dans la propriété du docteur Lacambre, gendre de celle-ci (nous avons déjà rencontré ce médecin, journaliste, chef de bataillon, neveu et blanquiste dans plusieurs articles de l’automne dernier).
Entre temps, il a été condamné à mort (voir notre article du 10 mars).
Dans son livre L’Enfermé, Gustave Geffroy écrit (les citations sont en vert):
Ceux qui, comme Ranc, l’ont vu à cette époque, non élu député par Paris, condamné à mort par le tribunal militaire, le trouvèrent tout entier à l’idée fixe, ne songeant qu’à la France défaite, à l’Allemagne victorieuse. Cela, pour lui, engageait tout l’avenir, frappait d’avance de stérilité toute insurrection.
Je ne suis pas certaine que Ranc ait vu Blanqui après sa condamnation le 10 mars, mais n’ai pas de doute sur le reste de cette assertion. Geffroy écrit encore:
Puis, la fatigue s’ajoutait chez lui à la douleur, la maladie s’emparait du délicat organisme, de la volonté si résistante pendant les mois du siège. Il voulut un asile, un repos, une solitude où se reprendre. Dans les premiers jours de mars, il part pour Loulié, près de Bretenoux, dans le Lot, vers la maison du docteur Lacambre, qui avait épousé sa nièce. Ceux-ci quittaient leur logis, pour un voyage en Espagne, au jour de l’arrivée de Blanqui: il resta seul avec sa sœur, Mme Barellier. Il avait grand besoin de ses soins, s’alita immédiatement, atteint d’une bronchite aiguë.
Malheureusement, sa présence à Loulié n’était pas passée inaperçue, écrit Dommanget,
depuis que nuitamment avec trois amis, il avait passé la Dordogne en barque, éveillant ainsi les soupçons du batelier, les cancans locaux et l’attention de la gendarmerie voisine de Bretenoux.
Et il ajoute:
On savait aussi que Blanqui correspondait avec les membres les plus actifs du Comité Central de la garde nationale qui commençait à prendre figure de puissance sous l’influence commune des Internationaux et des blanquistes.
Enfin l’affiche que Blanqui venait de faire placarder à Paris pour protester contre sa condamnation à mort prouvait surabondamment qu’il importait de mettre à l’ombre un dangereux adversaire. À bien des égards, au demeurant, l’appel de Thiers aux « habitants de Paris » affiché dans la nuit du 17 au 18 mars, apparaît comme une riposte et à l’influence grandissante du Comité Central et à la protestation de Blanqui placardée sous forme d’affiche sur les murs de Montmartre.
Sur télégramme du Garde des Sceaux Dufaure, le procureur de la République de Figeac, Célestin Prunières, reçut le 16 mars l’ordre d’arrêter le « Vieux » qu’on surveillait déjà étroitement.
La chose fut exécutée le 17 mars, date que l’histoire doit enregistrer avec soin, car c’est le même jour que Thiers donna l’ordre de désarmer les Parisiens ce qui, on le sait, déclencha la Commune. On est donc en droit de se demander si avant de donner un pareil ordre qu’il savait devoir entraîner de terribles conséquences, le chef du pouvoir exécutif ne voulait pas s’assurer de la personne de Blanqui.
Gustave Geffroy termine la partie « Le siège de Paris » de son livre ainsi:
C’est au lit, dans l’après-midi du 17 mars, qu’il fut arrêté par les soins du procureur de Figeac, sur l’ordre du gouvernement. Il allait définitivement recevoir le salaire de la haute intelligence et des purs sentiments qu’il prouva pendant le siège de Paris.
Et il commence la partie suivante, « Château du Taureau », par cette phrase:
Ce qui se passa ensuite stupéfiera l’avenir.
Il s’agit des conditions de l’emprisonnement d’Auguste Blanqui, bien sûr. Mais ce qui se passa ensuite, c’est aussi, après l’après-midi du 17 mars, la nuit du 17 au 18… où, à Paris, fut affichée, comme l’a dit Dommanget, l’infâme affiche de l’infâme Thiers.
Nous verrons demain 18 mars ce qu’en dirent les habitants de Paris!
Invité- Invité
Re: La Commune au jour le jour !
18 mars 1871
[size=48]18 mars 1871[/size]
[size=48]18 mars 1871[/size]
[size=48]Paris, de l'insurrection à la Commune[/size]
Le 18 mars 1871, une émeute éclate à Paris, sur la butte Montmartre. Adolphe Thiers, chef du gouvernement provisoire de la République, renonce à la réprimer et s'enfuit à Versailles avec tous les corps constitués.
C'est l'amorce de la « Commune ». Maîtres malgré eux de la capitale, les révolutionnaires et militants socialistes et ouvriers vont offrir à la bourgeoisie républicaine l'occasion de se débarrasser une fois pour toutes de la « question sociale ». Il en coûtera 20 000 victimes.
Provocations
À l'automne précédent, après avoir capturé l'empereur Napoléon III et son armée à Sedan, les Prussiens ont assiégé la capitale et le gouvernement de la Défense nationale, qui s'est entre-temps réfugié à Bordeaux, s'est résigné à signer un armistice.
Les vainqueurs se voient accorder le droit de défiler le 1er mars 1871 à Paris, dans une capitale en deuil, devant des statues recouvertes d'un voile noir. Les Parisiens ruminent leur humiliation. Après avoir soutenu un siège très pénible, ils se sentent trahis par leurs gouvernants.
L'Assemblée nouvellement élue et où dominent les monarchistes attise les tensions. Après l'arrêt des combats contre les Prussiens, elle renonce à revenir à Paris et quitte Bordeaux pour... Versailles, la ville royale !
Dès le lendemain, parmi ses premières mesures, le gouvernement lève sans préavis le moratoire sur le remboursement des effets de commerce et des loyers qui avait été instauré au début de la guerre. Il supprime aussi l'indemnité due à la garde nationale (30 sous par jour). Or, à Paris, la garde nationale rassemble pas moins de 180 000 hommes issus de la petite bourgeoisie et du monde ouvrier qui se sont portés volontaires pour défendre la capitale contre l'ennemi et se sont habitués à vivre sous les armes.
Massacre
L'atmosphère s'échauffe. Thiers décide de récupérer 227 canons financés par les Parisiens en vue de la défense de la capitale. La garde nationale les a disposés sur les buttes de Montmartre et de Belleville pour les mettre hors d'atteinte des Prussiens lors de leur entrée dans la capitale.
Le samedi 18 mars, Thiers envoie une colonne de 4 000 soldats avec l'ordre de les récupérer. On sonne le tocsin. La foule s'assemble. Les soldats se débandent ou se rallient au petit peuple.
Le général Lecomte, qui commande l'une des brigades, est fait prisonnier. Un autre général, Clément-Thomas, qui se promène sur les boulevards, est arrêté à son tour par les émeutiers ; on lui reproche d'avoir participé à la répression de juin 1848. À 17 heures, les deux hommes sont exécutés par la foule.
Des émeutes se produisent au même moment en d'autres quartiers de Paris. Adolphe Thiers renonce à les réprimer. Peut-être juge-t-il l'entreprise trop risquée avec 30 000 soldats à la fidélité incertaine face aux 150 000 hommes de la garde nationale ? Il ordonne donc à l'armée et aux corps constitués d'évacuer sur le champ la capitale. L'évacuation commence avant même le meurtre des généraux Lecomte et Clément-Thomas. Elle est achevée le soir même.
Confusion
Abandonné par la République, Paris s'en remet à des militants jacobins nostalgiques de la Grande Révolution (celle de 1789), à des anarchistes, des socialistes et des utopistes. Pris de court par le vide du pouvoir, ces militants au nombre d'une trentaine se réunissent dans la plus grande confusion à l'Hôtel de ville.
Ils organisent des élections municipales le 26 mars mais la majorité des Parisiens s'en désintéressent (229 000 votants sur 485000 inscrits). Il est vrai que beaucoup de bourgeois n'ont pas attendu pour fuir la capitale.
La Commune est néanmoins proclamée dans la foulée des élections le 28 mars 1871. Elle est représentée par une assemblée de 79 élus et son nom fait référence à la Commune insurrectionnelle qui renversa la royauté le 10 août 1792.
La capitale doit dès lors supporter un deuxième siège, non par les Prussiens mais par l'armée française. Il s'achèvera dans la tragédie, avec la Semaine Sanglante, deux mois plus tard. La blessure, jamais cicatrisée, continue de séparer en France la gauche de la droite
C'est l'amorce de la « Commune ». Maîtres malgré eux de la capitale, les révolutionnaires et militants socialistes et ouvriers vont offrir à la bourgeoisie républicaine l'occasion de se débarrasser une fois pour toutes de la « question sociale ». Il en coûtera 20 000 victimes.
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Provocations
À l'automne précédent, après avoir capturé l'empereur Napoléon III et son armée à Sedan, les Prussiens ont assiégé la capitale et le gouvernement de la Défense nationale, qui s'est entre-temps réfugié à Bordeaux, s'est résigné à signer un armistice.
Les vainqueurs se voient accorder le droit de défiler le 1er mars 1871 à Paris, dans une capitale en deuil, devant des statues recouvertes d'un voile noir. Les Parisiens ruminent leur humiliation. Après avoir soutenu un siège très pénible, ils se sentent trahis par leurs gouvernants.
L'Assemblée nouvellement élue et où dominent les monarchistes attise les tensions. Après l'arrêt des combats contre les Prussiens, elle renonce à revenir à Paris et quitte Bordeaux pour... Versailles, la ville royale !
Dès le lendemain, parmi ses premières mesures, le gouvernement lève sans préavis le moratoire sur le remboursement des effets de commerce et des loyers qui avait été instauré au début de la guerre. Il supprime aussi l'indemnité due à la garde nationale (30 sous par jour). Or, à Paris, la garde nationale rassemble pas moins de 180 000 hommes issus de la petite bourgeoisie et du monde ouvrier qui se sont portés volontaires pour défendre la capitale contre l'ennemi et se sont habitués à vivre sous les armes.
Massacre
L'atmosphère s'échauffe. Thiers décide de récupérer 227 canons financés par les Parisiens en vue de la défense de la capitale. La garde nationale les a disposés sur les buttes de Montmartre et de Belleville pour les mettre hors d'atteinte des Prussiens lors de leur entrée dans la capitale.
Le samedi 18 mars, Thiers envoie une colonne de 4 000 soldats avec l'ordre de les récupérer. On sonne le tocsin. La foule s'assemble. Les soldats se débandent ou se rallient au petit peuple.
Le général Lecomte, qui commande l'une des brigades, est fait prisonnier. Un autre général, Clément-Thomas, qui se promène sur les boulevards, est arrêté à son tour par les émeutiers ; on lui reproche d'avoir participé à la répression de juin 1848. À 17 heures, les deux hommes sont exécutés par la foule.
Des émeutes se produisent au même moment en d'autres quartiers de Paris. Adolphe Thiers renonce à les réprimer. Peut-être juge-t-il l'entreprise trop risquée avec 30 000 soldats à la fidélité incertaine face aux 150 000 hommes de la garde nationale ? Il ordonne donc à l'armée et aux corps constitués d'évacuer sur le champ la capitale. L'évacuation commence avant même le meurtre des généraux Lecomte et Clément-Thomas. Elle est achevée le soir même.
Confusion
Abandonné par la République, Paris s'en remet à des militants jacobins nostalgiques de la Grande Révolution (celle de 1789), à des anarchistes, des socialistes et des utopistes. Pris de court par le vide du pouvoir, ces militants au nombre d'une trentaine se réunissent dans la plus grande confusion à l'Hôtel de ville.
Ils organisent des élections municipales le 26 mars mais la majorité des Parisiens s'en désintéressent (229 000 votants sur 485000 inscrits). Il est vrai que beaucoup de bourgeois n'ont pas attendu pour fuir la capitale.
La Commune est néanmoins proclamée dans la foulée des élections le 28 mars 1871. Elle est représentée par une assemblée de 79 élus et son nom fait référence à la Commune insurrectionnelle qui renversa la royauté le 10 août 1792.
La capitale doit dès lors supporter un deuxième siège, non par les Prussiens mais par l'armée française. Il s'achèvera dans la tragédie, avec la Semaine Sanglante, deux mois plus tard. La blessure, jamais cicatrisée, continue de séparer en France la gauche de la droite
Invité- Invité
Re: La Commune au jour le jour !
Deux femmes dont l’histoire n’a pas retenu les noms, un membre du Comité central de la garde nationale, le ministre Le Flô, un élève de l’école polytechnique, Marguerite Boivin et Émile Duval racontent le 18 mars 1871.
Les interventions signalées (ou signées) [ma] sont inédites et ont été rédigées par moi (M. A.).
Belleville (Buttes-Chaumont). — C’est qu’on les a hissés, ces canons. Ah mais! ce sont les nôtres. On les a payés. C’est pas parce qu’on ne donne qu’un sou que ce n’est pas à nous! Vous vous rendez compte, ce que c’était, un sou, pour nous? On a tous payé. On crevait de faim et de froid. On avait les Prussiens si près qu’on les voyait dans la plaine de l’autre côté des remparts. Ils y sont toujours. Regardez! On n’allait pas les leur laisser, non? C’est ça qu’ils voulaient, le gouvernement, les Favre et les autres, que les Prussiens nous prennent nos canons? Ils ont plus peur des ouvriers que des Prussiens, ceux-là. Alors, nous, on les a montés. Ne croyez pas que c’était facile. Vous savez en quoi c’est fait, un canon? C’est en bronze. Et c’est lourd, ça, le bronze. Pour un canon, il faut quatre chevaux. Et combien de femmes, de vieillards et d’enfants? Quand je vous dis monter, c’est bien monter. La rue de Belleville, vous connaissez? Et comment qu’ils sont à nous! Et personne ne nous les prendra. [ma]
Quai d’Orsay (ministère des affaires étrangères). — Il était trois heures du soir, le gouvernement était réuni au ministère, quai d’Orsay. Passent trois bataillons de la garde nationale avec clairons et tambours. Là, j’ai eu vraiment peur. J’ai bondi vers Monsieur Thiers. « Nous allons être enlevés. Sauvez-vous! Vite! Il y a un escalier dérobé qui donne sur la rue de l’Université ». Vinoy m’a soutenu: « Faites ce que dit Le Flô. Une voiture attelée de deux chevaux vous emmènera à Versailles, avec une escorte de gendarmes ». Les dangers physiques lui répugnaient. Pourtant, il était déjà en train d’échafauder la suite puisque, en montant dans le coupé, il a donné à Vinoy l’ordre, « l’ordre, vous m’entendez, d’évacuer Paris ». À sept heures, il était à Versailles, calfeutré dans une chambre de la préfecture, gardé par deux gendarmes qui s’apprêtaient à coucher devant sa porte. C’est seulement alors qu’il s’est aperçu qu’il avait oublié sa femme et, plus grave, son valet de chambre. [ma]
Cinquième arrondissement (École polytechnique). — Le 18 mars, je m’en souviens parfaitement, nous étions en cours d’histoire, dans le grand amphithéâtre. Tout à coup est arrivé le général Riffaut, commandant de l’École. Nous ne l’avons pas reconnu instantanément: il était en civil. Il a interrompu le cours pour nous informer de ce qui se passait hors de l’École. Le gouvernement avait quitté Paris! « En l’absence du gouvernement, je ne peux donner d’ordres ». Un général ne peut donner d’ordres s’il n’en a lui-même reçu! Il nous a laissé, à nous les élèves, le gouvernement de l’École. Et, voilà pourquoi il était en civil! Il a filé. Une longue discussion a suivi. La plupart disaient qu’il n’y avait qu’un gouvernement légal. J’ai proposé de reprendre les traditions et de nous mettre à la tête du mouvement. Nous n’étions que quatorze de cet avis. Beaucoup se disaient républicains mais, une révolution qui se faisait contre la bourgeoisie, ce n’était pas dans la tradition. Plus tard, presque tous avaient fui ou se battirent contre la Commune. [ma]
Premier arrondissement (préfecture de police). — Eh bien, nous y voilà! Je croyais devoir livrer bataille, j’avais avec moi tous les bataillons du treizième et du cinquième, plus quelques-uns du quatorzième. J’ai arrêté la colonne rue Séguier et j’ai envoyé une patrouille en reconnaissance. Les éclaireurs se sont glissés le long des murs de la place pour atteindre la Préfecture de police sans être vus… mais le concierge leur a gentiment ouvert la porte: « Tout le monde est parti, vous êtes chez vous ». À dix heures et demie, j’étais à l’intérieur, avec tous mes bataillons autour. Le fauteuil du Préfet de police est assez confortable. Je me l’attribue. Il y a un bel encrier, sur ce bureau. Je vais écrire à Marie, qui doit s’inquiéter. Elle va être contente, de recevoir une lettre sur du beau papier à entête comme ça! « Ma chère femme »… Je vais lui demander de venir, d’ailleurs. Et puis elle pourra m’apporter mon révolver, que j’ai oublié à la maison. Ça peut servir! Je finis d’écrire et vous portez la lettre à ma femme? [ma] [Pour cette lettre d’Émile Duval à sa femme, voir cet article et le suivant.]
Les interventions signalées (ou signées) [ma] sont inédites et ont été rédigées par moi (M. A.).
Matin
Chaussée de Clignancourt. — On les a entendus, ils étaient toute une brigade, qui grimpaient la chaussée de Clignancourt. Sans eux, il n’y avait pas beaucoup de bruit, à quatre heures du matin, surtout qu’il y avait de la brume. Il y a bientôt eu des yeux à toutes les fenêtres, des regards entre ces yeux et on a toutes compris ce qui se passait: c’était l’armée des capitulards qui venait nous voler nos canons. Petit à petit, tout Montmartre était au courant, il y a eu des clairons et le tocsin. Toutes les femmes sont descendues dans la rue, et aussi pas mal d’hommes. On s’est glissées entre les soldats. Vous vous rendez compte qu’on leur avait même pas donné le café, à ces pauvres petiots, avant de nous les envoyer! Alors, nous, on leur a porté à manger et à boire, du pain et des harengs, du café et du plus solide aussi. Quand leur général leur a dit de tirer sur nous, ils ont eu vite fait d’écouter plutôt le sous-officier qui leur disait de mettre crosse en l’air! [ma]Belleville (Buttes-Chaumont). — C’est qu’on les a hissés, ces canons. Ah mais! ce sont les nôtres. On les a payés. C’est pas parce qu’on ne donne qu’un sou que ce n’est pas à nous! Vous vous rendez compte, ce que c’était, un sou, pour nous? On a tous payé. On crevait de faim et de froid. On avait les Prussiens si près qu’on les voyait dans la plaine de l’autre côté des remparts. Ils y sont toujours. Regardez! On n’allait pas les leur laisser, non? C’est ça qu’ils voulaient, le gouvernement, les Favre et les autres, que les Prussiens nous prennent nos canons? Ils ont plus peur des ouvriers que des Prussiens, ceux-là. Alors, nous, on les a montés. Ne croyez pas que c’était facile. Vous savez en quoi c’est fait, un canon? C’est en bronze. Et c’est lourd, ça, le bronze. Pour un canon, il faut quatre chevaux. Et combien de femmes, de vieillards et d’enfants? Quand je vous dis monter, c’est bien monter. La rue de Belleville, vous connaissez? Et comment qu’ils sont à nous! Et personne ne nous les prendra. [ma]
Après-midi
Onzième arrondissement (rue Basfroi). — Ce matin, j’ai appris ce qui se passait à Montmartre, comme tout le monde, par la rumeur et les affiches. Vers huit heures, j’ai donc essayé de venir ici, au siège du Comité central, rue Basfroi. J’ai traversé la place de la Bastille, pris la rue de la Roquette, mais on construisait des barricades et on ne voulut pas me laisser passer. Comité central, ils ne savaient pas trop ce que c’était. J’ai dû prendre la rue de Charonne et le Faubourg-Saint- Antoine, où il y avait pas mal d’agitation, puis la rue Saint-Bernard. Quand j’ai fini par arriver, il était déjà dix heures et demie. Nous étions une dizaine. Nous avons surtout servi de centre de nouvelles. Bergeret s’occupait de Montmartre, Varlin était arrivé juste après moi et il est reparti aussitôt assurer la défense aux Batignolles. On s’est tous chargés d’une chose ou d’une autre. On s’est séparés à trois heures et demie en laissant Assi assurer la permanence. [ma]Quai d’Orsay (ministère des affaires étrangères). — Il était trois heures du soir, le gouvernement était réuni au ministère, quai d’Orsay. Passent trois bataillons de la garde nationale avec clairons et tambours. Là, j’ai eu vraiment peur. J’ai bondi vers Monsieur Thiers. « Nous allons être enlevés. Sauvez-vous! Vite! Il y a un escalier dérobé qui donne sur la rue de l’Université ». Vinoy m’a soutenu: « Faites ce que dit Le Flô. Une voiture attelée de deux chevaux vous emmènera à Versailles, avec une escorte de gendarmes ». Les dangers physiques lui répugnaient. Pourtant, il était déjà en train d’échafauder la suite puisque, en montant dans le coupé, il a donné à Vinoy l’ordre, « l’ordre, vous m’entendez, d’évacuer Paris ». À sept heures, il était à Versailles, calfeutré dans une chambre de la préfecture, gardé par deux gendarmes qui s’apprêtaient à coucher devant sa porte. C’est seulement alors qu’il s’est aperçu qu’il avait oublié sa femme et, plus grave, son valet de chambre. [ma]
Cinquième arrondissement (École polytechnique). — Le 18 mars, je m’en souviens parfaitement, nous étions en cours d’histoire, dans le grand amphithéâtre. Tout à coup est arrivé le général Riffaut, commandant de l’École. Nous ne l’avons pas reconnu instantanément: il était en civil. Il a interrompu le cours pour nous informer de ce qui se passait hors de l’École. Le gouvernement avait quitté Paris! « En l’absence du gouvernement, je ne peux donner d’ordres ». Un général ne peut donner d’ordres s’il n’en a lui-même reçu! Il nous a laissé, à nous les élèves, le gouvernement de l’École. Et, voilà pourquoi il était en civil! Il a filé. Une longue discussion a suivi. La plupart disaient qu’il n’y avait qu’un gouvernement légal. J’ai proposé de reprendre les traditions et de nous mettre à la tête du mouvement. Nous n’étions que quatorze de cet avis. Beaucoup se disaient républicains mais, une révolution qui se faisait contre la bourgeoisie, ce n’était pas dans la tradition. Plus tard, presque tous avaient fui ou se battirent contre la Commune. [ma]
Soir
Dixième arrondissement (Hôpital Lariboisière). — Je m’appelle Marguerite Boivin, j’habite à Montmartre, c’est pourquoi on m’a transportée ici. Ce matin tôt, dans tant de brouillard qu’on n’y voyait pas grand chose, je suis descendue dans la rue avec les autres, même qu’il y avait des soldats qui montaient notre rue. Ils venaient voler nos canons, en douce. On a commencé à leur parler, des femmes leur ont donné à manger, à boire. Tout se passait bien, mais leur officier s’est mis à hurler, ça s’est bousculé, je suis tombée, plutôt mal, et en plus on m’a marché dessus. On m’a sortie de là et j’ai bien vu qu’ils avaient mis crosse en l’air pendant qu’on m’emmenait. Maintenant je suis ici. J’ai une jambe cassée. En tout cas ça fait mal. Vous savez ce qui s’est passé, vous? Moi j’aimerais bien savoir si on a pu les garder, nos canons. Allez voir et revenez me dire, ou, mieux, envoyez-moi quelqu’un de ma rue, ça me mine de pas savoir. Dites que je suis à l’hôpital Lariboisière, la salle Saint-Jean, lit 24. Merci! [ma]Premier arrondissement (préfecture de police). — Eh bien, nous y voilà! Je croyais devoir livrer bataille, j’avais avec moi tous les bataillons du treizième et du cinquième, plus quelques-uns du quatorzième. J’ai arrêté la colonne rue Séguier et j’ai envoyé une patrouille en reconnaissance. Les éclaireurs se sont glissés le long des murs de la place pour atteindre la Préfecture de police sans être vus… mais le concierge leur a gentiment ouvert la porte: « Tout le monde est parti, vous êtes chez vous ». À dix heures et demie, j’étais à l’intérieur, avec tous mes bataillons autour. Le fauteuil du Préfet de police est assez confortable. Je me l’attribue. Il y a un bel encrier, sur ce bureau. Je vais écrire à Marie, qui doit s’inquiéter. Elle va être contente, de recevoir une lettre sur du beau papier à entête comme ça! « Ma chère femme »… Je vais lui demander de venir, d’ailleurs. Et puis elle pourra m’apporter mon révolver, que j’ai oublié à la maison. Ça peut servir! Je finis d’écrire et vous portez la lettre à ma femme? [ma] [Pour cette lettre d’Émile Duval à sa femme, voir cet article et le suivant.]
*
En couverture une joyeuse barricade du 18 mars, bien en ordre avec ses grilles d’arbres — les mêmes que celles des manifestations du vingtième siècle, les mêmes qu’aujourd’hui, celle-là boulevard Puebla à Ménilmontant (et au musée Carnavalet). [C’est un tiers de cette même photographie qui fait la couverture du Hors-Série de L’Humanité consacré au cent cinquantenaire de la Commune.]Cet article a été préparé en août 2020.
Invité- Invité
Re: La Commune au jour le jour !
louise Michel à Levallois Perret
[size=33]1871-2021
[size=33]A Levallois-Perret, la mémoire vive de Louise Michel[/size]
Paris, une histoire populairedossier
La commune des Hauts-de-Seine où est enterrée la figure communarde est jalonnée de monuments en son souvenir. Des lieux de mémoire qui causent encore des controverses entre élus de gauche et mairie de droite, cent cinquante ans après la Commune.[/size]
Développer
Le 12 mars, au parc de la Planchette de Levallois-Perret, la statue de Louise Michel par Emile Derré. (Albert FACELLY/Libération)
par Louis Moulin et photos Albert Facelly
publié le 18 mars 2021 à 7h31
Dans le cimetière de Levallois-Perret, on peut difficilement la manquer. Après avoir franchi le monumental portail d’entrée, il faut prendre tout droit dans l’allée principale, jusqu’au rond-point central, où elle a l’honneur d’avoir pignon – à l’instar du caveau de la famille Balkany. La tombe de Louise Michel s’élève là, en bordure du carré 20 : monument de granit anthracite encerclé de fleurs évidemment rouges, que surmonte un buste de bronze aux traits de l’«héroïque combattante de la Commune de Paris». Gravé dans la roche, cet intitulé guerrier contraste avec le sourire doux de la sculpture et, plus encore, le collier de coquillages qui l’orne ce matin-là.
[size=33]1871-2021
[size=33]A Levallois-Perret, la mémoire vive de Louise Michel[/size]
Paris, une histoire populairedossier
La commune des Hauts-de-Seine où est enterrée la figure communarde est jalonnée de monuments en son souvenir. Des lieux de mémoire qui causent encore des controverses entre élus de gauche et mairie de droite, cent cinquante ans après la Commune.[/size]
Développer
Le 12 mars, au parc de la Planchette de Levallois-Perret, la statue de Louise Michel par Emile Derré. (Albert FACELLY/Libération)
par Louis Moulin et photos Albert Facelly
publié le 18 mars 2021 à 7h31
Dans le cimetière de Levallois-Perret, on peut difficilement la manquer. Après avoir franchi le monumental portail d’entrée, il faut prendre tout droit dans l’allée principale, jusqu’au rond-point central, où elle a l’honneur d’avoir pignon – à l’instar du caveau de la famille Balkany. La tombe de Louise Michel s’élève là, en bordure du carré 20 : monument de granit anthracite encerclé de fleurs évidemment rouges, que surmonte un buste de bronze aux traits de l’«héroïque combattante de la Commune de Paris». Gravé dans la roche, cet intitulé guerrier contraste avec le sourire doux de la sculpture et, plus encore, le collier de coquillages qui l’orne ce matin-là.
Invité- Invité
Re: La Commune au jour le jour !
https://www.liberation.fr/france/2019/08/09/louise-michel-comme-une-rouge_1744604/
Elle a le regard dur et triste, le maintien digne dans ses vêtements fripés de prisonnière, une chevelure qui tombe en désordre de chaque côté d'un front haut et bombé. De sa voix claire et forte d'institutrice, elle apostrophe les juges : «Ce que je réclame de vous, c'est le poteau de Satory [lieu de détention des communards à Versailles, ndlr] où, déjà, sont tombés nos frères ; il faut me retrancher de la société. On vous dit de le faire. Eh bien, on a raison. Puisqu'il semble que tout cœur qui bat pour la liberté n'a droit aujourd'hui qu'à un peu de plomb, j'en réclame ma part, moi.» Le conseil de guerre est embarrassé. Il n'a pas prévu de mettre à mort les femmes, brancardières ou infirmières. En décembre 1871, la Commune est vaincue depuis sept mois, l'ordre est rétabli, l'insurrection a été brisée, la bourgeoisie est revenue de son épouvante devant la révolte populaire. L'armée a fait couler des rivières de sang dans Paris : quelque 10 000 morts, tués pendant les combats ou fusillés sans jugement, pris les armes à la main, et même sans armes, sur de simples soupçons. Les officiers avaient des listes pour s'assurer des chefs communards, aussitôt saisis, souvent plaqués contre un mur et criblés par le peloton. Un officier s'avise qu'il a arrêté deux Parisiens portant le même nom, qui apparaît en bonne place sur la liste noire. Des deux homonymes, quel est le bon ? Il demande des instructions. «Fusillez les deux, dit le commandement, c'est plus sûr.»
Pour conjurer l'échec, on chantera plus tard : «Tout ça n'empêche pas, Nicolas, qu'la Commune n'est pas morte.» Certes… Elle vit dans les cœurs mais elle a bien été assassinée par les Versaillais, qui ont dissous la peur bourgeoise dans le sang ouvrier. Le temps des cerises est révolu ; le gai rossignol et le merle moqueur sifflent une mélodie funèbre. A Satory, où elle était enfermée, Louise Michel a vu l'exécution des chefs arrêtés, parmi lesquels Théophile Ferré, jeune révolutionnaire à lorgnon, dont elle était secrètement amoureuse. Ses amis sont tués, le mouvement ouvrier est décapité, Louise est découragée par la tragédie mais elle reste droite dans le malheur, sûre que l'idéal survivra au massacre.
Elle a le regard dur et triste, le maintien digne dans ses vêtements fripés de prisonnière, une chevelure qui tombe en désordre de chaque côté d'un front haut et bombé. De sa voix claire et forte d'institutrice, elle apostrophe les juges : «Ce que je réclame de vous, c'est le poteau de Satory [lieu de détention des communards à Versailles, ndlr] où, déjà, sont tombés nos frères ; il faut me retrancher de la société. On vous dit de le faire. Eh bien, on a raison. Puisqu'il semble que tout cœur qui bat pour la liberté n'a droit aujourd'hui qu'à un peu de plomb, j'en réclame ma part, moi.» Le conseil de guerre est embarrassé. Il n'a pas prévu de mettre à mort les femmes, brancardières ou infirmières. En décembre 1871, la Commune est vaincue depuis sept mois, l'ordre est rétabli, l'insurrection a été brisée, la bourgeoisie est revenue de son épouvante devant la révolte populaire. L'armée a fait couler des rivières de sang dans Paris : quelque 10 000 morts, tués pendant les combats ou fusillés sans jugement, pris les armes à la main, et même sans armes, sur de simples soupçons. Les officiers avaient des listes pour s'assurer des chefs communards, aussitôt saisis, souvent plaqués contre un mur et criblés par le peloton. Un officier s'avise qu'il a arrêté deux Parisiens portant le même nom, qui apparaît en bonne place sur la liste noire. Des deux homonymes, quel est le bon ? Il demande des instructions. «Fusillez les deux, dit le commandement, c'est plus sûr.»
Pour conjurer l'échec, on chantera plus tard : «Tout ça n'empêche pas, Nicolas, qu'la Commune n'est pas morte.» Certes… Elle vit dans les cœurs mais elle a bien été assassinée par les Versaillais, qui ont dissous la peur bourgeoise dans le sang ouvrier. Le temps des cerises est révolu ; le gai rossignol et le merle moqueur sifflent une mélodie funèbre. A Satory, où elle était enfermée, Louise Michel a vu l'exécution des chefs arrêtés, parmi lesquels Théophile Ferré, jeune révolutionnaire à lorgnon, dont elle était secrètement amoureuse. Ses amis sont tués, le mouvement ouvrier est décapité, Louise est découragée par la tragédie mais elle reste droite dans le malheur, sûre que l'idéal survivra au massacre.
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Re: La Commune au jour le jour !
Très bonne initiative que de célébrer la Commune !
Merci Plume
Merci Plume
Diviciac- Messages : 43222
Date d'inscription : 02/07/2017
Localisation : IdF et Morvan
Re: La Commune au jour le jour !
Merci Diviciac !
Alors que la Ville de Paris lance les célébrations du 150e anniversaire de l'insurrection, l'histoire de la Commune de Paris, qui ne dura que soixante douze jours, fait de nouveau l'objet de controverses politiques.
La Commune oblige à s'interroger sur la centralisation du pouvoir.
"Jamais plus épouvantable crise n'a éclaté dans une grande ville écrit Emile Zola. L'héritage de cette expérience révolutionnaire qui a ébranlé l'Europe sera revendiqué par les générations futures de communistes.
Karl Marx voit dans la Commune "le glorieux fourrier d'une société nouvelle."
Lénine considérait les communards comme les précurseurs de la révolution
russe.
En 1936 à l'époque du gouvernement français du Front populaire antifasciste 500 000 membres de la gauche font le pélerinage jusqu'au cimetière du Père Lachaise pour rendre hommage aux martyrs de la Commune.
Quand à la fin du XXe siècle le Parti communiste se retrouve du mauvais côté de la barrière historique on évoque moins la Commune.
Le débat actuel montre qu'elle présente de nouveau un intérêt car la vie politique moderne offre à ses idéaux un nouvel espace d'expression.
La Commune oblige à s'interroger sur la centralisation du pouvoir, sur la démocratie représentative et la souveraineté du peuple.
Les gilets jaunes ont posé les mêmes questions dans un contexte différent.
Source : Courrier International
Alors que la Ville de Paris lance les célébrations du 150e anniversaire de l'insurrection, l'histoire de la Commune de Paris, qui ne dura que soixante douze jours, fait de nouveau l'objet de controverses politiques.
La Commune oblige à s'interroger sur la centralisation du pouvoir.
"Jamais plus épouvantable crise n'a éclaté dans une grande ville écrit Emile Zola. L'héritage de cette expérience révolutionnaire qui a ébranlé l'Europe sera revendiqué par les générations futures de communistes.
Karl Marx voit dans la Commune "le glorieux fourrier d'une société nouvelle."
Lénine considérait les communards comme les précurseurs de la révolution
russe.
En 1936 à l'époque du gouvernement français du Front populaire antifasciste 500 000 membres de la gauche font le pélerinage jusqu'au cimetière du Père Lachaise pour rendre hommage aux martyrs de la Commune.
Quand à la fin du XXe siècle le Parti communiste se retrouve du mauvais côté de la barrière historique on évoque moins la Commune.
Le débat actuel montre qu'elle présente de nouveau un intérêt car la vie politique moderne offre à ses idéaux un nouvel espace d'expression.
La Commune oblige à s'interroger sur la centralisation du pouvoir, sur la démocratie représentative et la souveraineté du peuple.
Les gilets jaunes ont posé les mêmes questions dans un contexte différent.
Source : Courrier International
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Re: La Commune au jour le jour !
La presse étrangère d'alors écrivait :
"Paris est de nouveau une ville assiégée. Le gouvernement a interrompu le courrier, aucun train ne circule. On rapporte que l'armée se concentrerait à Courbevoie et Puteaux pour marcher sur Paris demain"
Voici ce que décrit le correspondant du Guardian le 3 avril 1871 :
"Le quotidien britannique suit alors l'insurrection jusqu'à la fin de la "semaine sanglante" :
"Paris en flammes, les communards vaincus titre t-il le 25 mai. "Un terrible incendie fait rage dans le centre de Paris. Les batteries versaillaises déchaînent un feu d'enfer sur les quartiers qui résistent encore.
Le 1er juin l'heure des massacres :"Les exécutions sommaires se poursuivent et les déserteurs, les incendiaires et les membres de la Commune sont abattus sans pitié."
https://amp.theguardian.com/world/2021/mar/07/vive-la-commune-the-working-class-insurrection-that-shook-the-world?__twitter_impression=true
"Paris est de nouveau une ville assiégée. Le gouvernement a interrompu le courrier, aucun train ne circule. On rapporte que l'armée se concentrerait à Courbevoie et Puteaux pour marcher sur Paris demain"
Voici ce que décrit le correspondant du Guardian le 3 avril 1871 :
"Le quotidien britannique suit alors l'insurrection jusqu'à la fin de la "semaine sanglante" :
"Paris en flammes, les communards vaincus titre t-il le 25 mai. "Un terrible incendie fait rage dans le centre de Paris. Les batteries versaillaises déchaînent un feu d'enfer sur les quartiers qui résistent encore.
Le 1er juin l'heure des massacres :"Les exécutions sommaires se poursuivent et les déserteurs, les incendiaires et les membres de la Commune sont abattus sans pitié."
https://amp.theguardian.com/world/2021/mar/07/vive-la-commune-the-working-class-insurrection-that-shook-the-world?__twitter_impression=true
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Re: La Commune au jour le jour !
La Sociale
https://macommunedeparis.com/2016/05/31/la-sociale/
PRESSE
[size=33]La Sociale[/size]
Date: 31 mai 2016Author: macommunedeparis
La signification du titre est peut-être un tout petit peu moins claire qu’elle ne l’était à l’époque. La « sociale », c’est la Révolution sociale.
La Sociale est un grand (pour le format) frère du soir du Père Duchêne. Il sort de la même imprimerie de la rue du Croissant, mais à deux heures (du soir). Les rédacteurs sont Vermersch, Vuillaume et Humbert — même s’ils ne signent pas leurs articles, le style Vermersch est souvent reconnaissable — mais aussi, et qui souvent signent, André Léo et Camille Barrère. Il est paru du 31 mars/10 germinal (il est daté dans les deux calendriers) au 17 mai, et plus exactement du 30 mars au 16 mai — comme un bon journal du soir, il est daté du lendemain. Il coûte un sou (cinq centimes). Il y a un feuilleton en bas de première page (rez-de-chaussée) « Les Pauvres bougres », de Jacques Cousin, à partir du 30 avril.
I
La famille et la propriété, c’est la même chose…
2 avril, un court article intitulé « C’est bien », qui approuve les suppressions de journaux:
Le numéro du 23 publie une correspondance d’André Léo:
Encore un autre: dans le numéro du 24 avril, « Encore les amis de l’ordre ». Extraits:
Des articles très clairvoyants. Comme celui sur « Les Généraux de la Commune » dans le numéro daté du 6 avril, alors qu’on se demande encore si les nouvelles de la mort de Flourens et de Duval sont vraies.
https://macommunedeparis.com/2016/05/31/la-sociale/
PRESSE
[size=33]La Sociale[/size]
Date: 31 mai 2016Author: macommunedeparis
La signification du titre est peut-être un tout petit peu moins claire qu’elle ne l’était à l’époque. La « sociale », c’est la Révolution sociale.
La Sociale est un grand (pour le format) frère du soir du Père Duchêne. Il sort de la même imprimerie de la rue du Croissant, mais à deux heures (du soir). Les rédacteurs sont Vermersch, Vuillaume et Humbert — même s’ils ne signent pas leurs articles, le style Vermersch est souvent reconnaissable — mais aussi, et qui souvent signent, André Léo et Camille Barrère. Il est paru du 31 mars/10 germinal (il est daté dans les deux calendriers) au 17 mai, et plus exactement du 30 mars au 16 mai — comme un bon journal du soir, il est daté du lendemain. Il coûte un sou (cinq centimes). Il y a un feuilleton en bas de première page (rez-de-chaussée) « Les Pauvres bougres », de Jacques Cousin, à partir du 30 avril.
I
Citoyens membres de la Commune
Dès que vous en aurez le loisir
Décrétez la révision des codes et leur réforme d’après les doctrines de la Déclaration des Droits de l’Homme!
Rien ne sera plus simple!
Il n’y a qu’une loi à édicter pour que la réorganisation de la propriété soit prompte et facile.
Et cette loi commencera par cet article:
« L’hérédité est abolie ».
La famille et la propriété, c’est la même chose…
2 avril, un court article intitulé « C’est bien », qui approuve les suppressions de journaux:
Le numéro du 23 publie une correspondance d’André Léo:
22 avril
Citoyens rédacteurs,
Vous trouvez que c’est bien. Je trouve que c’est mal. On peut différer d’avis sur les moyens, tout en désirant avec ardeur le succès de la Révolution, et par conséquent celui de la Commune.
Vous le voyez je fais allusion à votre article d’hier sur la suppression des journaux. Mon nom ayant paru dans la Sociale, et devant y paraître encore, je tiens à dégager sur ce point ma responsabilité, par respect pour les principes qui constituent la force et toute la raison d’être de la démocratie. A mon avis les abdiquer c’est abdiquer sa mission. Si nous agissons comme nos adversaires, comment le monde choisira-t-il entre eux et nous? Dans ce trouble de la conscience il ne peut y avoir succès pour la cause. Qu’on attaque en justice le mensonge et la calomnie; mais que la liberté de pensée soit inviolable.André Léo
Encore un autre: dans le numéro du 24 avril, « Encore les amis de l’ordre ». Extraits:
Comment se fait-il que le sieur Bonne, qui depuis le 18 mars ne cesse de conspirer contre la République, n’ait pas encore été mis en état d’arrestation? […] Avis au citoyen Raoul Rigault.
En parcourant la liste de nos morts et de nos blessés, une émotion vive, profonde, saisit le cœur… C’est surtout le manœuvre qui se bat. Le soldat de la Révolution actuelle, c’est le Peuple.
Des articles très clairvoyants. Comme celui sur « Les Généraux de la Commune » dans le numéro daté du 6 avril, alors qu’on se demande encore si les nouvelles de la mort de Flourens et de Duval sont vraies.
Ils sont braves: personne n’en doute.
Ils sont plus que courageux; ils sont téméraires.
Et voilà pourquoi nous n’avons obtenu encore aucun résultat décisif.
La témérité fait les héros derrière une barricade; elle perd les armées quand on agit en rase campagne, exposé au feu, criblé d’obus et de mitraille, ayant devant soi les batteries ennemies et derrière soi la plaine immense, et la panique qui s’empare si facilement des masses non habituées au champ de bataille…
Que chacun remplisse son rôle: aux soldats l’héroïsme, aux généraux l’habileté et le sang-froid.
Invité- Invité
Re: La Commune au jour le jour !
Plume a écrit: Merci Diviciac !
Alors que la Ville de Paris lance les célébrations du 150e anniversaire de l'insurrection, l'histoire de la Commune de Paris, qui ne dura que soixante douze jours, fait de nouveau l'objet de controverses politiques.
La Commune oblige à s'interroger sur la centralisation du pouvoir.
"Jamais plus épouvantable crise n'a éclaté dans une grande ville écrit Emile Zola. L'héritage de cette expérience révolutionnaire qui a ébranlé l'Europe sera revendiqué par les générations futures de communistes.
Karl Marx voit dans la Commune "le glorieux fourrier d'une société nouvelle."
Lénine considérait les communards comme les précurseurs de la révolution
russe.
En 1936 à l'époque du gouvernement français du Front populaire antifasciste 500 000 membres de la gauche font le pélerinage jusqu'au cimetière du Père Lachaise pour rendre hommage aux martyrs de la Commune.
Quand à la fin du XXe siècle le Parti communiste se retrouve du mauvais côté de la barrière historique on évoque moins la Commune.
Le débat actuel montre qu'elle présente de nouveau un intérêt car la vie politique moderne offre à ses idéaux un nouvel espace d'expression.
La Commune oblige à s'interroger sur la centralisation du pouvoir, sur la démocratie représentative et la souveraineté du peuple.
Les gilets jaunes ont posé les mêmes questions dans un contexte différent.
Source : Courrier International
Salut et fraternité .
Comme tous les Franciliens de gauche je ne peux voir le Sacré Chœur de Montmartre , cette immonde et bigote pièce montée expiatoire des "péchés" de la Commune, que comme une insulte à la mémoire des communards.
Ce n'est que par respect du patrimoine national que je ne souhaite pas sa démolition .
Diviciac- Messages : 43222
Date d'inscription : 02/07/2017
Localisation : IdF et Morvan
Re: La Commune au jour le jour !
20 mars 1871, l’exécution des généraux dans les journaux, hier et aujourd’hui
Date: 20 mars 2021Author: macommunedeparis
Voici donc, pour commencer, ce que l’on trouve au début de la partie non officielle du Journal officiel daté du 19 mars:
Dans la journée, les locaux du Journal officiel ont finalement été occupés par la garde nationale — encore des inconnus! –, et ces messieurs sont partis à Versailles avec leurs maîtres.
Le même jour, le journal Le Rappel daté du 20 mars, écrit:
Comme l’écrivit quelques semaines plus tard Marie La Cécilia à Louise Colet,
Le Journal officiel du 21 mars, lui, est rédigé par nos inconnus, les envoyés du Comité central, et voici ce qu’il écrit:
Date: 20 mars 2021Author: macommunedeparis
Voici donc, pour commencer, ce que l’on trouve au début de la partie non officielle du Journal officiel daté du 19 mars:
Un comité prenant le nom de comité central, après s’être emparé d’un certain nombre de canons, a couvert Paris de barricades, et a pris possession pendant la nuit du ministère de la justice.
Il a tiré sur les défenseurs de l’ordre; il a fait des prisonniers, il a assassiné de sang-froid le général Clément Thomas et un général de l’armée française, le général Lecomte.
Quels sont les membres de ce comité ?
Personne à Paris ne les connaît ; leurs noms sont nouveaux pour tout le monde.
Nul ne saurait même dire à quel parti ils appartiennent. Sont-ils communistes, ou bonapartistes, ou prussiens? Sont-ils les agents d’une triple coalition ? Quels qu’ils soient, ce sont les ennemis de Paris qu’ils livrent au pillage, de la France qu’ils livrent aux Prussiens, de la République qu’ils livreront au despotisme. Les crimes abominables qu’ils ont commis ôtent toute excuse à ceux qui oseraient ou les suivre ou les subir.
Voulez-vous prendre la responsabilité de leurs assassinats et des ruines qu’ils vont accumuler? Alors, demeurez chez vous! Mais si vous avez souci de l’honneur et de vos intérêts les plus sacrés, ralliez-vous au Gouvernement de la République et à l’Assemblée nationale.Paris, le 19 mars 1871.
Les ministres présents à Paris,
DUFAURE, JULES FAVRE, ERNEST PICARD, JULES SIMON,
AMIRAL POTHUAU, GÉNÉRAL LE FLO.
Dans la journée, les locaux du Journal officiel ont finalement été occupés par la garde nationale — encore des inconnus! –, et ces messieurs sont partis à Versailles avec leurs maîtres.
Le même jour, le journal Le Rappel daté du 20 mars, écrit:
On a publié, sur l’assassinat des généraux Clément Thomas et Lecomte, des récits — ou plutôt déjà des légendes — qui font les auteurs de cet attentat plus cruels et plus abominables encore qu’ils ne le seraient en réalité.
On nous assure qu’aucune de ces versions n’est conforme à la vérité. Le général Clément Thomas a été fusillé, non par plusieurs coups successifs, mais un seul feu de peloton. Enfin, le comité central repousse avec indignation toute part de responsabilité dans cette odieuse exécution.
Comme l’écrivit quelques semaines plus tard Marie La Cécilia à Louise Colet,
Ces deux exécutions furent regrettables à tous les points de vue, car elles ne pouvaient que servir d’armes aux ennemis de la Commune, mais il faut un peu réfléchir à ce qui les a provoquées.
Le Journal officiel du 21 mars, lui, est rédigé par nos inconnus, les envoyés du Comité central, et voici ce qu’il écrit:
Tous les journaux réactionnaires publient des récits plus ou moins dramatiques sur ce qu’ils appellent « l’assassinat » des généraux Lecomte et Clément Thomas.
Sans doute ces actes sont regrettables.
Mais il importe, pour être impartial, de constater deux faits:
1° Que le général Lecomte avait commandé à quatre reprises, sur la place Pigalle, de charger une foule inoffensive de femmes et d’enfants;
2° Que le général Thomas a été arrêté au moment où il levait, en vêtements civils, un plan des barricades de Montmartre.
Ces deux hommes ont donc subi la loi de la guerre, qui n’admet ni l’assassinat des femmes ni l’espionnage.
On nous raconte que l’exécution du général Lecomte a été opérée par des soldats de la ligne et celle du général Clément Thomas par des gardes nationaux.
Il est faux que ces exécutions aient eu lieu sous les yeux et par les ordres du comité central de la garde nationale. Le comité central siégeait avant-hier rue Onfroy [sic, pour Basfroy] près de la Bastille, jusqu’à l’heure où il a pris possession de l’Hôtel de Ville; et il a appris en même temps l’arrestation et la mort des deux victimes de la justice populaire.
Ajoutons qu’il a ordonné une enquête immédiate sur ces faits.
Invité- Invité
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