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Par ici les poètes

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Par ici les poètes - Page 8 Empty Re: Par ici les poètes

Message par Aetius Jeu 7 Mar - 20:43

Je ne m’y trompe pas. Hier, à la nuit tombante,
Par ici les poètes - Page 8 Ddans l’ombre des coteaux sonore et forestière,
Par ici les poètes - Page 8 Dj’ai entendu déjà ce chant particulier
Par ici les poètes - Page 8 Ddu merle imitateur lorsque vient le printemps.
Par ici les poètes - Page 8 D 
Par ici les poètes - Page 8 DCe chant semble gonflé de sèves roucoulantes
Par ici les poètes - Page 8 Dcomme les gorgées d’eau des carafes de terre.
Par ici les poètes - Page 8 DCe matin les moineaux ont leurs voix printanières,
Par ici les poètes - Page 8 Dla même qu’ils avaient lorsque j’étais enfant.
Par ici les poètes - Page 8 D 
Par ici les poètes - Page 8 DAinsi que la saison indécise, j’hésite...
Par ici les poètes - Page 8 DJe ne sais trop si c’est le printemps ou l’hiver ;
Par ici les poètes - Page 8 Dcela dépend de vous, mais il faut faire vite :
Par ici les poètes - Page 8 Dla giroflée marronne aime le vent de mer.

( Francis Jammes )

Aetius

Messages : 241
Date d'inscription : 23/12/2018

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Par ici les poètes - Page 8 Empty L'enfant prodigue

Message par Invité Mar 12 Mar - 17:53

L'enfant prodigue

À mon avis, l'hymen et ses liens
Sont les plus grands ou des maux ou des biens.
Point de milieu ; l'état du mariage
Est des humains le plus cher avantage,
Quand le rapport des esprits et des cœurs,
Des sentiments, des goûts, et des humeurs,
Serre ces nœuds tissus par la nature,
Que l'amour forme et que l'honneur épure.
Dieux ! quel plaisir d'aimer publiquement,
Et de porter le nom de son amant !
Votre maison, vos gens, votre livrée,
Tout vous retrace une image adorée ;
Et vos enfants, ces gages précieux,
Nés de l'amour, en sont de nouveaux nœuds.
Un tel hymen, une union si chère,
Si l'on en voit, c'est le ciel sur la terre.
Mais tristement vendre par un contrat
Sa liberté, son nom, et son état,
Aux volontés d'un maître despotique,
Dont on devient le premier domestique ;
Se quereller ou s'éviter le jour ;
Sans joie à table, et la nuit sans amour ;
Trembler toujours d'avoir une faiblesse,
Y succomber, ou combattre sans cesse ;
Tromper son maître, ou vivre sans espoir
Dans les langueurs d'un importun devoir ;
Gémir, sécher dans sa douleur profonde ;
Un tel hymen est l'enfer de ce monde.

Voltaire


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Par ici les poètes - Page 8 Empty Es-tu brune ou blonde ?

Message par Invité Sam 16 Mar - 13:22

Es-tu brune ou blonde ?

Es-tu brune ou blonde ?
Sont-ils noirs ou bleus,
Tes yeux ?
Je n'en sais rien, mais j'aime leur clarté profonde,
Mais j'adore le désordre de tes cheveux.

Es-tu douce ou dure ?
Est-il sensible ou moqueur,
Ton cœur ?
Je n'en sais rien, mais je rends grâce à la nature
D'avoir fait de ton cœur mon maître et mon vainqueur.

Fidèle, infidèle ?
Qu'est-ce que ça fait.
Au fait ?
Puisque, toujours disposé à couronner mon zèle
Ta beauté sert de gage à mon plus cher souhait.

Paul Verlaine.



Par ici les poètes - Page 8 Es-tu_10

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Par ici les poètes - Page 8 Empty Tristesse

Message par Invité Mer 20 Mar - 21:07

Tristesse

J'ai perdu ma force et ma vie,
Et mes amis et ma gaieté ;
J'ai perdu jusqu'à la fierté
Qui faisait croire à mon génie.

Quand j'ai connu la Vérité,
J'ai cru que c'était une amie ;
Quand je l'ai comprise et sentie,
J'en étais déjà dégoûté.

Et pourtant elle est éternelle,
Et ceux qui se sont passés d'elle
Ici-bas ont tout ignoré.

Dieu parle, il faut qu'on lui réponde.
Le seul bien qui me reste au monde
Est d'avoir quelquefois pleuré.

Alfred de Musset.



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Par ici les poètes - Page 8 Empty À l’Amie

Message par Invité Lun 25 Mar - 21:45

À l’Amie

Dans tes yeux les clartés trop brutales s’émoussent.
Ton front lisse, pareil à l’éclatant vélin,
Que l’écarlate et l’or de l’image éclaboussent,
Brûle de reflets roux ton regard opalin.
Ton visage a pour moi le charme des fleurs mortes,
Et le souffle appauvri des lys que tu m’apportes
Monte vers tes langueurs du soleil au déclin.

Fuyons, Sérénité de mes heures meurtries,
Au fond du crépuscule infructueux et las.
Dans l’enveloppement des vapeurs attendries,
Dans le soir énerve, je te dirai très bas.
Ce que fut la beauté de la Maîtresse unique…
Ah ! cet âpre parfum, cette amère musique
Des bonheurs accablés qui ne reviendront pas !

Ainsi nous troublerons longtemps la paix des cendres.
Je te dirai des mots de passion, et toi,
Le rêve ailleurs, longtemps, de tes vagues yeux tendres,
Tu suivras ton passé de souffrance et d’effroi.
Ta voix aura le chant des lentes litanies
Où sanglote l’écho des plaintes infinies,
Et ton âme, l’essor douloureux de la Foi.

Renée Vivien, Études et Préludes (1877-1909)



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Par ici les poètes - Page 8 Empty L'âme rêvée

Message par Invité Lun 1 Avr - 22:18

L'âme rêvée

Il est une âme enfin que comprend et devine
Mon âme ranimée, échappant aux ennuis ;
Car mes regards ont vu cette femme divine
Que j'avais tant rêvée en mes plus belles nuits.
Petits oiseaux, venez près d'elle
Et par vos chants et vos baisers,
Par vos doux frémissements d'aile
Et vos désirs inapaisés,
Petits oiseaux, couple fidèle,
Portez le trouble en ses pensers.

Ses yeux purs et charmants ont un éclat si tendre
Et sa voix pénétrante a des accents si doux,
Que les anges du ciel, pour la voir et l'entendre,
Descendent empressés et remontent jaloux.
Étoile qui fuis dans l'espace,
Si tu la surprends quelque soir,
Plus rêveuse suivant ta trace
De son œil langoureux et noir,
Dis-lui que je l'aime, et de grâce
Pour moi demande un peu d'espoir.

Pour avoir contemplé sa pâleur éclatante
Mon front en gardera le reflet désormais ;
Et pourtant je sais bien, languissant dans l'attente,
Que son cœur tout à Dieu ne m'aimera jamais.
Ô cher objet de mon envie,
Au nom si doux à révéler
Qu'il est sur ma bouche ravie
Sans cesse prêt à s'envoler,
Je me tairai toute ma vie,
Mais laisse mes yeux te parler.

François-Marie Robert-Dutertre.



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Par ici les poètes - Page 8 Empty Aubade

Message par Invité Ven 5 Avr - 21:41

Aubade

L'aube est bien tardive à naître,
Il a gelé cette nuit ;
Et déjà sous ta fenêtre
Mon fol amour m'a conduit.

Je tremble, mais moins encore
Du froid que de ma langueur ;
Le frisson du luth sonore
Se communique à mon cœur

Ému comme un petit page,
J'attends le moment plus sûr
Où j'entendrai le tapage
De tes volets sur le mur ;

Et la minute me dure
Où m'apparaîtra soudain,
Dans son cadre de verdure,
Ton sourire du matin.

François Coppée.



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Par ici les poètes - Page 8 Empty Une louve je vis sous l’antre d’un rocher

Message par Invité Mar 9 Avr - 22:15

Une louve je vis sous l’antre d’un rocher

Une louve je vis sous l’antre d’un rocher
Allaitant deux bessons : je vis à sa mamelle
Mignardement jouer cette couple jumelle,
Et d’un col allongé la louve les lécher.

Je la vis hors de là sa pâture chercher,
Et courant par les champs, d’une fureur nouvelle
Ensanglanter la dent et la patte cruelle
Sur les menus troupeaux pour sa soif étancher.

Je vis mille veneurs descendre des montagnes
Qui bornent d’un côté les lombardes campagnes,
Et vis de cent épieux lui donner dans le flanc.

Je la vis de son long sur la plaine étendue,
Poussant mille sanglots, se vautrer en son sang,
Et dessus un vieux tronc la dépouille pendue.

Joachim Du Bellay, Les antiquités de Rome



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Par ici les poètes - Page 8 Empty Au cirque

Message par Invité Sam 13 Avr - 22:30

Au cirque

Ah ! si le clown était venu !
Il aurait bien ri, mardi soir :
UN magicien en cape noire
A tiré d'un petit mouchoir
Un lapin, puis une tortue
Et, après, un joli canard.
Puis il les a fait parler
En chinois, en grec, en tartare.
Mais le clown était enrhumé :
Auguste était bien ennuyé.
Il dut faire l'équilibriste
Tous seul sur un tonneau percé.
C'est pourquoi je l'ai dessiné
Avec des yeux tout ronds, tous tristes
Et de grosses larmes qui glissent
Sur son visage enfariné.

Maurice Carême



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Par ici les poètes - Page 8 Empty Plaisir d'amour

Message par Invité Dim 5 Mai - 22:08

Plaisir d'amour

Plaisir d'amour ne dure qu'un moment,
Chagrin d'amour dure toute la vie.

J'ai tout quitté pour l'ingrate Sylvie,
Elle me quitte et prend un autre amant.
Plaisir d'amour ne dure qu'un moment,
Chagrin d'amour dure toute la vie.

Tant que cette eau coulera doucement
Vers ce ruisseau qui borde la prairie,
Je t'aimerai, me répétait Sylvie ;
L'eau coule encor, elle a changé pourtant !

Plaisir d'amour ne dure qu'un moment,
Chagrin d'amour dure toute la vie.

Jean-Pierre Claris de Florian (1755-1794)



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Par ici les poètes - Page 8 Empty Le bonheur de l'obscurité

Message par Invité Mer 8 Mai - 21:06

Le bonheur de l'obscurité

Faux éclat des grandeurs pour lequel on soupire,
Opulentes cités, ambitieux palais,
Princes, et toi, Fortune, au perfide sourire,
J'ai trouvé loin de vous l'innocence et la paix.

Exilé de la cour, oublié de l'envie,
Dans le sein du silence et de l'oisiveté,
Sans désirs, sans douleurs, je vais couler ma vie,
Et mon plus cher trésor sera ma pauvreté.

Lieux qui m'avez vu naître, aimable solitude,
Au moment du retour que vos charmes sont doux !
Je pourrai donc enfin, libre d'inquiétude,
Goûter des plaisirs purs et simples comme vous.

Je reconnais les champs, le clocher, la colline,
Tous les premiers objets qui frappèrent mes yeux,
Et le chêne isolé dont la tête s'incline
Sur le modeste toit qu'habitaient mes aïeux.

Séjour du vrai bonheur, retraites pacifiques,
Accueillez aujourd'hui le nouveau villageois :
C'en est fait, je renonce aux lambris magnifiques
Pour le gazon des prés et l'ombrage des bois.

Qu'on vante les héros dont le fatal courage
S'ouvre un chemin sanglant vers l'immortalité ;
Refrains des vendangeurs, travaux du labourage,
Combien je vous préfère à leur célébrité !

Le vain bruit de la gloire et le faste des villes
N'ont pas encore trouble le calme de ces lieux ;
Les jours y sont sereins, les cœurs y sont tranquilles ;
En fuyant les pervers, j'ai trouvé les heureux.

Toi pour qui je respire, ô maîtresse adorée,
Le bocage t'appelle et s'embellit pour toi ;
Viens partager mes biens, ma chaumière ignorée ;
Viens vivre loin d'un monde où l'amour est sans foi.

Souvent, parmi les fleurs des riantes prairies,
Nous irons contempler le déclin d'un beau jour ;
Souvent, le cœur bercé de douces rêveries,
Nous irons parcourir les forêts d'alentour.

Ces berceaux odorants, ces dômes de feuillage,
Ennemis du soleil et versant la fraîcheur,
Les timides désirs que leur ombre encourage,
Tout ici nous promet un facile bonheur.

Nous pourrons savourer l'aspect de la nature,
Dans les bras l'un de l'autre et d'amour consumés ;
Ces lieux nous prêteront leurs rideaux de verdure,
Et leurs sièges de mousse, et leurs lits parfumés.

Promenant leur cristal en gracieux méandres,
Les limpides ruisseaux couleront près de nous ;
Je chanterai pour toi : mes vers, seront plus tendres,
Dictés par tes regards, écrits sur tes genoux !

Hélas ! Bientôt peut-être, abrégeant ma carrière,
L'inexorable mort viendra nous séparer ;
Les pavots du cercueil couvriront ma paupière ;
Je sentirai ma vie et ma flamme expirer.

A cette heure suprême, ô ma chère Zélie !
Tu seras près de moi pour calmer mes douleurs ;
Je presserai ta main de ma main affaiblie,
Et mon dernier regard verra couler tes pleurs.

Mes vœux seront remplis, si ton cœur me regrette,
Si celle que les dieux firent pour tout charmer
Vient rêver quelquefois sur la cendre muette
D'un mortel inconnu qui vécut pour t'aimer !

Amédée Pommier.(1804-1877)



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Par ici les poètes - Page 8 Empty Litanie des écoliers

Message par Invité Lun 20 Mai - 21:01

Litanie des écoliers

Saint-Anatole,
Que légers soient les jours d’école !
Saint Amalfait,
Ah ! Que nos devoirs soient bien faits !
Sainte Cordule,
N’oubliez ni point ni virgule.
Saint Nicodème,
Donnez-nous la clef des problèmes
Sainte Tirelire,
Que Grammaire nous fasse rire !
Saint-Siméon,
Allongez les récréations !
Saint Espongien,
Effacez tous les mauvais points.
Sainte Clémence,
Que viennent vite les vacances !
Sainte Marie,
Faites qu’elles soient infinies !

Maurice Carême



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Par ici les poètes - Page 8 Empty À deux beaux yeux

Message par Invité Ven 24 Mai - 23:23

À deux beaux yeux

Vous avez un regard singulier et charmant ;
Comme la lune au fond du lac qui la reflète,
Votre prunelle, où brille une humide paillette,
Au coin de vos doux yeux roule languissamment ;

Ils semblent avoir pris ses feux au diamant ;
Ils sont de plus belle eau qu'une perle parfaite,
Et vos grands cils émus, de leur aile inquiète,
Ne voilent qu'à demi leur vif rayonnement.

Mille petits amours, à leur miroir de flamme,
Se viennent regarder et s'y trouvent plus beaux,
Et les désirs y vont rallumer leurs flambeaux.

Ils sont si transparents, qu'ils laissent voir votre âme,
Comme une fleur céleste au calice idéal
Que l'on apercevrait à travers un cristal.

Théophile Gautier.



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Par ici les poètes - Page 8 Empty Mon rêve familier

Message par Invité Sam 8 Juin - 13:22

Mon rêve familier

Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime
Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.

Car elle me comprend, et mon coeur, transparent
Pour elle seule, hélas ! cesse d'être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.

Est-elle brune, blonde ou rousse ? - Je l'ignore.
Son nom ? Je me souviens qu'il est doux et sonore
Comme ceux des aimés que la Vie exila.

Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L'inflexion des voix chères qui se sont tues.

Paul Verlaine
Poèmes saturniens (1866)


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Par ici les poètes - Page 8 Empty Je prendrai par la main les deux petits enfants

Message par Invité Sam 15 Juin - 22:06

Je prendrai par la main les deux petits enfants

Je prendrai par la main les deux petits enfants ;
J'aime les bois où sont les chevreuils et les faons,
Où les cerfs tachetés suivent les biches blanches
Et se dressent dans l'ombre effrayés par les branches ;
Car les fauves sont pleins d'une telle vapeur
Que le frais tremblement des feuilles leur fait peur.
Les arbres ont cela de profond qu'ils vous montrent
Que l'éden seul est vrai, que les coeurs s'y rencontrent,
Et que, hors les amours et les nids, tout est vain ;
Théocrite souvent dans le hallier divin
Crut entendre marcher doucement la ménade.
C'est là que je ferai ma lente promenade
Avec les deux marmots. J'entendrai tour à tour
Ce que Georges conseille à Jeanne, doux amour,
Et ce que Jeanne enseigne à George. En patriarche
Que mènent les enfants, je réglerai ma marche
Sur le temps que prendront leurs jeux et leurs repas,
Et sur la petitesse aimable de leurs pas.
Ils cueilleront des fleurs, ils mangeront des mûres.
Ô vaste apaisement des forêts ! ô murmures !
Avril vient calmer tout, venant tout embaumer.
Je n'ai point d'autre affaire ici-bas que d'aimer.

Victor Hugo.


Par ici les poètes - Page 8 Je_pre10


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Par ici les poètes - Page 8 Empty Au bois

Message par Invité Ven 21 Juin - 21:53

Au bois

Nous étions, elle et moi, dans cet avril charmant
De l'amour qui commence en éblouissement.
Ô souvenirs ! ô temps ! heures évanouies !
Nous allions, le coeur plein d'extases inouïes,
Ensemble dans les bois, et la main dans la main.
Pour prendre le sentier nous quittions le chemin,
Nous quittions le sentier pour marcher dans les herbes.
Le ciel resplendissait dans ses regards superbes ;
Elle disait : Je t'aime ! et je me sentais dieu.

Parfois, près d'une source, on s'asseyait un peu.
Que de fois j'ai montré sa gorge aux branches d'arbre !
Rougissante et pareille aux naïades de marbre,
Tu baignais tes pieds nus et blancs comme le lait.
Puis nous nous en allions rêveurs. Il me semblait,
En regardant autour de nous les pâquerettes,
Les boutons-d'or joyeux, les pervenches secrètes
Et les frais liserons d'une eau pure arrosés,
Que ces petites fleurs étaient tous les baisers
Tombés dans le trajet de ma bouche à ta bouche
Pendant que nous marchions ; et la grotte farouche
Et la ronce sauvage et le roc chauve et noir,
Envieux, murmuraient : Que va dire ce soir
Diane aux chastes yeux, la déesse étoilée,
En voyant toute l'herbe au fond du bois foulée ?

Victor Hugo.


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Par ici les poètes - Page 8 Empty Demain

Message par Invité Mar 16 Juil - 23:00

Demain

Comment puis-je attendre demain
Tout en souffrant jusqu’à la limite
Que j’espère que Dieu me tendra la main
Me libérant du mal qui m’habite
De devoir ainsi me demander
Quand surviendra la prochaine crise
Rend difficile pour moi d’espérer
Pouvoir vivre sans cette hantise

Mais je sais que je ne suis pas seul
Et qu’autour on a besoin de moi
Il faudra donc faire face aux écueils
Et chercher à conserver la foi

Pourra-t-on enfin m’aider un jour
Voir le miracle se réaliser
De pouvoir effacer pour toujours
La douleur qui ne cesse d’accabler

Mais je m’accroche encore à la vie
Ma raison ne peut abandonner
Je n’ai pas fini mon rôle ici
Il me reste beaucoup à donner

Malgré ce que j’ai à endurer
Le sort me réserve du bonheur
Et je prends le temps de savourer
Même s'il ne dure que quelques heures

Je dois compter sur le courage
Dont tout mon être est habité
Pour taire en moi toute cette rage
Que le destin a su éveiller

Je trouve la force à chaque jour
Pour mon fils, mes parents, mes amis
De puiser dans mon coeur de l’amour
Et me coucher en disant merci

Anonyme

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Par ici les poètes - Page 8 Empty Émail

Message par Invité Mar 23 Juil - 21:36

Émail

Le four rougit ; la plaque est prête. Prends ta lampe.
Modèle le paillon qui s’irise ardemment,
Et fixe avec le feu dans le sombre pigment
La poudre étincelante où ton pinceau se trempe.

Dis, ceindras-tu de myrte ou de laurier la tempe
Du penseur, du héros, du prince ou de l’amant ?
Par quel Dieu feras-tu, sur un noir firmament,
Cabrer l’hydre écaillée ou le glauque hippocampe ?

Non. Plutôt, en un orbe éclatant de saphir
Inscris un fier profil de guerrière d’Ophir,
Thalestris, Bradamante, Aude ou Penthésilée.

Et pour que sa beauté soit plus terrible encor,
Casque ses blonds cheveux de quelque bête ailée
Et fais bomber son sein sous la gorgone d’or.

José-Maria de Heredia, Les Trophées

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Par ici les poètes - Page 8 Empty Je suis ce que je suis

Message par Invité Mer 24 Juil - 19:21

Je suis ce que je suis

La tulipe ne sera une rose 
Et la rose ne sera un pissenlit 
à quoi sert espérer être une rose 
Quand au fond "Je suis ce que je suis"

Je suis peut-être une tulipe 
qui s'éveille à tous les printemps 
Démontrant ses couleurs ses principes 
Jugée souvent bien hors du temps

Je suis peut-être une rose 
dégageant l'arôme de l'amour 
on se pique sur mon côté morose 
mais le bonheur revient au détour

Je suis peut-être un pissenlit 
répandu et plutôt mal compris 
mais sachez quand il est bien servi 
il donnera du goût à votre vie

Qu'importe la fleur que vous soyez 
vous avez tous un rôle à jouer 
mais vous devez vous rappeler 
de Celui qui vous a créé

La tulipe ne sera une rose 
Et la rose ne sera un pissenlit 
à quoi sert espérer être une rose 
Quand au fond "Je suis ce que je suis"

Roger Kemp



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Par ici les poètes - Page 8 Empty Bonjour mon coeur

Message par Invité Mar 30 Juil - 23:07

Bonjour mon coeur

Bonjour mon coeur, bonjour ma douce vie.
Bonjour mon oeil, bonjour ma chère amie,
Hé ! bonjour ma toute belle,
Ma mignardise, bonjour,
Mes délices, mon amour,
Mon doux printemps, ma douce fleur nouvelle,
Mon doux plaisir, ma douce colombelle,
Mon passereau, ma gente tourterelle,
Bonjour, ma douce rebelle.

Hé ! faudra-t-il que quelqu'un me reproche
Que j'aie vers toi le coeur plus dur que roche
De t'avoir laissée, maîtresse,
Pour aller suivre le Roi,
Mendiant je ne sais quoi
Que le vulgaire appelle une largesse ?
Plutôt périsse honneur, court, et richesse,
Que pour les biens jamais je te relaisse,
Ma douce et belle déesse.

Pierre de Ronsard.



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Par ici les poètes - Page 8 Empty Mon petit chat

Message par Invité Jeu 8 Aoû - 21:55

Mon petit chat

J’ai un petit chat,
Petit comme ça.
Je l’appelle Orange.

Je ne sais pourquoi
Jamais il ne mange
Ni souris ni rat.

C’est un chat étrange
Aimant le nougat
Et le chocolat.

Mais c’est pour cela,
Dit tante Solange,
Qu’il ne grandit pas !

Maurice CARÊME


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Par ici les poètes - Page 8 Empty Abyssal

Message par Invité Jeu 15 Aoû - 13:28

Abyssal

Quand comprendras-tu?
tu n’es pas ce que tu crains
et les peurs ne revêtent
que les âmes muettes
les peines que tu repeins
d’une angoisse ingénue
ne valent pas le dessein
promis par ta vertu

Les fleurs ont soudain
le parfum de ta peur
et quand tu te souviens
s’agite le chagrin
tu en fais ta demeure
des remparts de riens
Quand comprendras-tu?
tu es bien ce qui te plaît

Nadia Ben Slima, 2016



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Par ici les poètes - Page 8 Empty Tous deux

Message par Invité Dim 8 Sep - 22:03

Tous deux

Tous deux, pour nos amours invoquons le mystère,
Cachons à tous les yeux nos entretiens si doux ;
Car l'amour, vois-tu bien, c'est la fleur solitaire,
C'est l'oiseau qui s'enfuit au regard des jaloux.

Tous deux, quand le printemps ornera les prairies,
Pour mieux nous sentir seuls loin des bruits d'ici-bas,
Nous irons épancher nos douces rêveries
Sous les bosquets en fleurs où l'on parle tout bas.

Tous deux, nous goûterons des amours infinies,
Ma main pressant ta main, mes yeux cherchant tes yeux,
Nos cœurs se parleront sur nos lèvres unies
Et nous irons un jour ensemble vers les cieux.

François-Marie Robert-Dutertre.



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Par ici les poètes - Page 8 Empty Re: Par ici les poètes

Message par Invité Dim 22 Sep - 11:21

Adieu guinguette

Novembre, temps des sanglots, la rivière de larmes
En torrent impétueux déverse son chagrin
Et s’épanche parfois en noyant les chemins
De halage et de peine qui avaient tant de charme.

Nous allions en Juillet flâner sur ces sentiers
Pleins d’ombre et de lumière, allant vers la guinguette
Dîner, boire et danser au petit bal musette
Un air d’accordéon, péniches et canotiers.

Ces serments chuchotés au secret des tonnelles,
Ces soleils reflétés jusque dans tes prunelles
C’était Joinville le Pont, tout au pied des coteaux.

Adieu été trop court que notre Automne envie !
Le fleuve ronge ses berges, le temps use la vie
Et des bonheurs anciens ne laissent que ces lambeaux.

Antoine Livic, Chants d’écume suivi de Fleurs fanées, 2017



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Par ici les poètes - Page 8 Empty Hymne

Message par Invité Mer 2 Oct - 20:42

Hymne

À la très chère, à la très belle
Qui remplit mon coeur de clarté,
À l'ange, à l'idole immortelle,
Salut en l'immortalité !

Elle se répand dans ma vie
Comme un air imprégné de sel,
Et dans mon âme inassouvie
Verse le goût de l'éternel.

Sachet toujours frais qui parfume
L'atmosphère d'un cher réduit,
Encensoir oublié qui fume
En secret à travers la nuit,

Comment, amour incorruptible,
T'exprimer avec vérité ?
Grain de musc qui gis, invisible,
Au fond de mon éternité !

À la très bonne, à la très belle
Qui fait ma joie et ma santé,
À l'ange, à l'idole immortelle,
Salut en l'immortalité !

Charles Baudelaire.
Recueil : Les fleurs du mal (1857)



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Message par Invité Dim 6 Oct - 21:26

L'âme

Comme un exilé du vieux thème,
J'ai descendu ton escalier ;
Mais ce qu'a lié l'Amour même,
Le temps ne peut le délier.

Chaque soir quand ton corps se couche
Dans ton lit qui n'est plus à moi,
Tes lèvres sont loin de ma bouche ;
Cependant, je dors près de Toi.

Quand je sors de la vie humaine,
J'ai l'air d'être en réalité
Un monsieur seul qui se promène ;
Pourtant je marche à ton côté.

Ma vie à la tienne est tressée
Comme on tresse des fils soyeux,
Et je pense avec ta pensée,
Et je regarde avec tes yeux.

Quand je dis ou fais quelque chose,
Je te consulte, tout le temps ;
Car je sais, du moins, je suppose,
Que tu me vois, que tu m'entends.

Moi-même je vois tes yeux vastes,
J'entends ta lèvre au rire fin.
Et c'est parfois dans mes nuits chastes
Des conversations sans fin.

C'est une illusion sans doute,
Tout cela n'a jamais été ;
C'est cependant, Mignonne, écoute,
C'est cependant la vérité.

Du temps où nous étions ensemble,
N'ayant rien à nous refuser,
Docile à mon désir qui tremble,
Ne m'as-tu pas, dans un baiser,

Ne m'as-tu pas donné ton âme ?
Or le baiser s'est envolé,
Mais l'âme est toujours là, Madame ;
Soyez certaine que je l'ai.

Germain Nouveau.(1851-1920)



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