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Par ici les poètes

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Par ici les poètes - Page 4 Empty Green

Message par Invité Ven 9 Mar - 22:57

Green

Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches
Et puis voici mon coeur qui ne bat que pour vous.
Ne le déchirez pas avec vos deux mains blanches
Et qu'à vos yeux si beaux l'humble présent soit doux.

J'arrive tout couvert encore de rosée
Que le vent du matin vient glacer à mon front.
Souffrez que ma fatigue à vos pieds reposée
Rêve des chers instants qui la délasseront.

Sur votre jeune sein laissez rouler ma tête
Toute sonore encore de vos derniers baisers ;
Laissez-la s'apaiser de la bonne tempête,
Et que je dorme un peu puisque vous reposez.

Paul VERLAINE   (1844-1896)



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Par ici les poètes - Page 4 Empty Re: Par ici les poètes

Message par Diviciac Sam 10 Mar - 22:48

Demain, dès l'aube...

Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.

Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.
 
Victor Hugo


«On est dans un régime autoritaire» avec «un pouvoir qui n'écoute pas, qui n'en fait qu'à sa tête, qui assiste à la souffrance des citoyens sans réagir». 
Ségolène Royal 
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Par ici les poètes - Page 4 Empty Re: Par ici les poètes

Message par Diviciac Sam 10 Mar - 22:49

L'isolement
Souvent sur la montagne, à l'ombre du vieux chêne,
Au coucher du soleil, tristement je m'assieds ;
Je promène au hasard mes regards sur la plaine,
Dont le tableau changeant se déroule à mes pieds.

Ici gronde le fleuve aux vagues écumantes ;
Il serpente, et s'enfonce en un lointain obscur ;
Là le lac immobile étend ses eaux dormantes
Où l'étoile du soir se lève dans l'azur.

Au sommet de ces monts couronnés de bois sombres,
Le crépuscule encor jette un dernier rayon ;
Et le char vaporeux de la reine des ombres
Monte, et blanchit déjà les bords de l'horizon.

Cependant, s'élançant de la flèche gothique,
Un son religieux se répand dans les airs :
Le voyageur s'arrête, et la cloche rustique
Aux derniers bruits du jour mêle de saints concerts.

Mais à ces doux tableaux mon âme indifférente
N'éprouve devant eux ni charme ni transports ;
Je contemple la terre ainsi qu'une ombre errante
Le soleil des vivants n'échauffe plus les morts.

De colline en colline en vain portant ma vue,
Du sud à l'aquilon, de l'aurore au couchant,
Je parcours tous les points de l'immense étendue,
Et je dis : " Nulle part le bonheur ne m'attend. "

Que me font ces vallons, ces palais, ces chaumières,
Vains objets dont pour moi le charme est envolé ?
Fleuves, rochers, forêts, solitudes si chères,
Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé !

Que le tour du soleil ou commence ou s'achève,
D'un oeil indifférent je le suis dans son cours ;
En un ciel sombre ou pur qu'il se couche ou se lève,
Qu'importe le soleil ? je n'attends rien des jours.

Quand je pourrais le suivre en sa vaste carrière,
Mes yeux verraient partout le vide et les déserts :
Je ne désire rien de tout ce qu'il éclaire;
Je ne demande rien à l'immense univers.

Mais peut-être au-delà des bornes de sa sphère,
Lieux où le vrai soleil éclaire d'autres cieux,
Si je pouvais laisser ma dépouille à la terre,
Ce que j'ai tant rêvé paraîtrait à mes yeux !

Là, je m'enivrerais à la source où j'aspire ;
Là, je retrouverais et l'espoir et l'amour,
Et ce bien idéal que toute âme désire,
Et qui n'a pas de nom au terrestre séjour !

Que ne puîs-je, porté sur le char de l'Aurore,
Vague objet de mes voeux, m'élancer jusqu'à toi !
Sur la terre d'exil pourquoi resté-je encore ?
Il n'est rien de commun entre la terre et moi.

Quand là feuille des bois tombe dans la prairie,
Le vent du soir s'élève et l'arrache aux vallons ;
Et moi, je suis semblable à la feuille flétrie :
Emportez-moi comme elle, orageux aquilons !

Lamartine


«On est dans un régime autoritaire» avec «un pouvoir qui n'écoute pas, qui n'en fait qu'à sa tête, qui assiste à la souffrance des citoyens sans réagir». 
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Message par Invité Sam 10 Mar - 22:55

Par ici les poètes - Page 4 Merci_16Divi, j´apprécie.

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Message par Diviciac Sam 10 Mar - 23:07

elaine a écrit:Par ici les poètes - Page 4 Merci_16Divi, j´apprécie.
 
Vous me l'avez déjà dit
" Merci Zerbinette et Divi d´enrichir ce fil par ces beaux poèmes

C'est pour ça que, quand vous insinuez que je boude vos sujets
comme une vulgaire Horiel, je n'apprécie pas trop  .
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Message par Diviciac Sam 10 Mar - 23:10

[size=37]LE SILLON DE TALBERT[/size]
(Michel Tonnerre)
Par ici les poètes - Page 4 Image003
 
 Toi qui montres du doigt l'Angleterre
Toi qui est notre bastion
Le doigt breton dans la mer

Chante-moi quel est ton nom




Je suis sillon de Talbert
Fait de sable et goémon
Suis sorti d'un noir enfer
Un beau soir de déraison
 
J'ai connu tant de tristesse
Quand la mer en sa furie
Fait des marins de l'Arcouest
[b]Des noyés de comédie[/b]
[b]Les femmes pleurent sur mon dos[/b]
[b]Leurs maris perdus en mer[/b]
[b]Dans un grand vent de tonnerre[/b]
[b]Quand la mer a le gros dos[/b]
 
[b]Mes cheveux sont goémon[/b]
[b]Dont les hommes de Bretagne[/b]
[b]Décorent leurs noirs sillons[/b]
[b]Dans les champs de nos campagnes[/b]
[b]Et s'il n'est que coquillages[/b]
[b]Qui aiment à ma compagnie[/b]
[b]Je sais que sur mes rivages[/b]
[b]Autrefois naquit la vie[/b]
 
[b]Vie d'espoir et de rancoeur[/b]
[b]Mêlée aux parfums des fleurs[/b]
[b]Dans cette lande bretonne[/b]
[b]Au son du tocsin qui sonne[/b]
[b]Sonne à l'église du village[/b]
[b]Appelant les vieilles en noir[/b]
[b]A prier pour l'équipage[/b]
[b]Qui a disparu ce soir[/b]
 
[b]Sur mon corps de sable fin[/b]
[b]Ne poussent que chardons bleus[/b]
[b]Fleur tombale des marins[/b]
[b]A l'embouche du Trieux[/b]
 
[b][b]Mais quand revient la nuit noire[/b][/b]
[b][b]Je suis seul aux vents d'hiver[/b][/b]
[b][b]Enfant de notre terroir[/b][/b]
[b][b]Je m'en vais mourir en mer[/b][/b]
[b][b]Toi qui montres du doigt l'Angleterre[/b][/b]
[b][b]Toi qui est notre bastion[/b][/b]
[b][b]Le doigt breton dans la mer[/b][/b]
[b][b]Chante-moi quel est ton nom[/b][/b]
 
[b]Je suis sillon de Talbert[/b]
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Message par Invité Sam 10 Mar - 23:25

Diviciac a écrit:Vous me l'avez déjà dit " Merci Zerbinette et Divi d´enrichir ce fil par ces beaux poèmes
C'est pour ça que, quand vous insinuez que je boude vos sujets
, je n'apprécie pas trop  .
Ne soyez donc pas si susceptible. Par ici les poètes - Page 4 Jeregr10



.

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Par ici les poètes - Page 4 Empty Le ciel est par-dessus le toit

Message par Invité Ven 16 Mar - 18:52

Le ciel est par-dessus le toit

Le ciel est, par-dessus le toit,
Si bleu, si calme !
Un arbre, par-dessus le toit,
Berce sa palme.

La cloche, dans le ciel qu'on voit,
Doucement tinte.
Un oiseau sur l'arbre qu'on voit
Chante sa plainte.

Mon Dieu, mon Dieu, la vie est là
Simple et tranquille.
Cette paisible rumeur-là
Vient de la ville.

Qu'as-tu fait, ô toi que voilà
Pleurant sans cesse,
Dis, qu'as-tu fait, toi que voilà,
De ta jeunesse ?
(Paul Verlaine)



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Message par Nadou Ven 16 Mar - 20:50

Pourquoi cette ardeur, jeune face? -Je pars, l'été s'efface.
À grands traits ma peur me le dit,
Mieux que l'eau grise et que les branches.


Genoux aux poings, ange averti ;
Sur ton aile mon fouet claque.



René Char


Je suis responsable de ce que j'écris, pas de ce que tu comprends
Nadou
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Par ici les poètes - Page 4 Empty À Ninon

Message par Invité Lun 19 Mar - 20:43

À Ninon

Si je vous le disais pourtant, que je vous aime,
Qui sait, brune aux yeux bleus, ce que vous en diriez ?
L’amour, vous le savez, cause une peine extrême ;
C’est un mal sans pitié que vous plaignez vous-même ;
Peut-être cependant que vous m’en puniriez.
Si je vous le disais, que six mois de silence
Cachent de longs tourments et des voeux insensés :
Ninon, vous êtes fine, et votre insouciance
Se plaît, comme une fée, à deviner d’avance ;
Vous me répondriez peut-être : Je le sais.
Si je vous le disais, qu’une douce folie
A fait de moi votre ombre, et m’attache à vos pas :
Un petit air de doute et de mélancolie,
Vous le savez, Ninon, vous rend bien plus jolie ;
Peut-être diriez-vous que vous n’y croyez pas.
Si je vous le disais, que j’emporte dans l’âme
Jusques aux moindres mots de nos propos du soir :
Un regard offensé, vous le savez, madame,
Change deux yeux d’azur en deux éclairs de flamme ;
Vous me défendriez peut-être de vous voir.
Si je vous le disais, que chaque nuit je veille,
Que chaque jour je pleure et je prie à genoux ;
Ninon, quand vous riez, vous savez qu’une abeille
Prendrait pour une fleur votre bouche vermeille ;
Si je vous le disais, peut-être en ririez-vous.
Mais vous ne saurez rien. – Je viens, sans rien en dire,
M’asseoir sous votre lampe et causer avec vous ;
Votre voix, je l’entends ; votre air, je le respire ;
Et vous pouvez douter, deviner et sourire,
Vos yeux ne verront pas de quoi m’être moins doux.
Je récolte en secret des fleurs mystérieuses :
Le soir, derrière vous, j’écoute au piano
Chanter sur le clavier vos mains harmonieuses,
Et, dans les tourbillons de nos valses joyeuses,
Je vous sens, dans mes bras, plier comme un roseau.
La nuit, quand de si loin le monde nous sépare,
Quand je rentre chez moi pour tirer mes verrous,
De mille souvenirs en jaloux je m’empare ;
Et là, seul devant Dieu, plein d’une joie avare,
J’ouvre, comme un trésor, mon cœur tout plein de vous.
J’aime, et je sais répondre avec indifférence ;
J’aime, et rien ne le dit ; j’aime, et seul je le sais ;
Et mon secret m’est cher, et chère ma souffrance ;
Et j’ai fait le serment d’aimer sans espérance,
Mais non pas sans bonheur ; – je vous vois, c’est assez.
Non, je n’étais pas né pour ce bonheur suprême,
De mourir dans vos bras et de vivre à vos pieds.
Tout me le prouve, hélas ! jusqu’à ma douleur même…
Si je vous le disais pourtant, que je vous aime,
Qui sait, brune aux yeux bleus, ce que vous en diriez ?
Alfred de Musset



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Par ici les poètes - Page 4 Empty À Madame M

Message par Invité Mar 3 Avr - 23:47

À Madame M

Vous m'envoyez, belle Emilie,
Un poulet bien emmailloté ;
Votre main discrète et polie
L'a soigneusement cacheté.
Mais l'aumône est un peu légère,
Et malgré sa dextérité,
Cette main est bien ménagère
Dans ses actes de charité.
C'est regarder à la dépense
Si votre offrande est un paiement,
Et si c'est une récompense,
Vous n'aviez pas besoin d'argent.
A l'avenir, belle Emilie,
Si votre coeur est généreux,
Aux pauvres gens, je vous en prie
Faites l'aumône avec vos yeux.
Quand vous trouverez le mérite,
Et quand vous voudrez le payer,
Souvenez-vous de Marguerite
Et du poète Alain Chartier
Il était bien laid, dit l'histoire,
La dame était fille de roi ;
Je suis bien obligé de croire
Qu'il faisait mieux les vers que moi.
Mais si ma plume est peu de chose,
Mon coeur, hélas ! ne vaut pas mieux ;
Fût-ce même pour de la prose
Vos cadeaux sont trop dangereux.
Que votre charité timide
Garde son argent et son or,
Car en ouvrant votre main vide
Vous pouvez donner un trésor.

(Alfred de Musset)



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Par ici les poètes - Page 4 Empty Mignonne, allons voir si la rose

Message par Invité Dim 8 Avr - 22:11

Mignonne, allons voir si la rose

Qui ce matin avoit desclose
Sa robe de pourpre au Soleil,
A point perdu ceste vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vostre pareil.

Las ! voyez comme en peu d'espace,
Mignonne, elle a dessus la place
Las ! las ses beautez laissé cheoir !
Ô vrayment marastre Nature,
Puis qu'une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !

Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que vostre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez vostre jeunesse :
Comme à ceste fleur la vieillesse
Fera ternir vostre beauté.

Pierre de Ronsard (1524-1585)
Recueil : Les Odes (1550-1552)



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Par ici les poètes - Page 4 Empty Afin qu´il n´y soit rien changé

Message par Invité Lun 16 Avr - 17:38

Afin qu´il n´y soit rien changé

Tiens mes mains intendantes, gravis l'échelle noire, ô dévouée ;
la volupté des graines fume, les villes sont fer et causerie lointaine.
Notre désir retirait à la mer sa robe chaude avant de nager sur son cœur.

Dans la luzerne de ta voix tournois d'oiseaux chassent soucis de sécheresse.
Quand deviendront guides les sables balafrés issus des lents charrois de la terre,
le calme approchera de notre espace clos.

La quantité de fragments me déchire.
Et debout se tient la torture.

Le ciel n'est plus aussi jaune, le soleil aussi bleu.
L'étoile furtive de la pluie s'annonce.
Frère, silex fidèle, ton joug s'est fendu.
L'entente a jailli de tes épaules.

Beauté, je me porte à ta rencontre dans la solitude du froid.
Ta lampe est rose, le vent brille.
Le seuil du soir se creuse.

J'ai, captif, épousé le ralenti du lierre à l'assaut de la pierre de l'éternité.

«Je t'aime », répète le vent à tout ce qu'il fait vivre.
Je t'aime et tu vis en moi.

René Char



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Par ici les poètes - Page 4 Empty Re: Par ici les poètes

Message par Invité Mer 18 Avr - 7:45

Les beaux jours sont là,les vide-greniers vont revenir......

Ma vie de grenier




Ma vie d'grenier,j'la débarrasse
Faut qu'ça dégage même si ça casse.....


On y trouve tout,du bricà brac
Des tas d 'souvenirs ds des vieux sacs
Tous les objets qui n'servent plus
Ou des neufs qui n'sont pas fichus


On y découvre des ratages
Inscrits parfois sur des images
Tout comme y a des moments heureux
Les filles sont belles,le ciel est bleu !


Dans ce fatras ,y a des bricoles
Aucun trésor,mais des babioles
Des souv'nirs déjà un peu vieux
De durs moments qui laissent des bleus


Ma vie d'grenier,y a quelques malles
Pleines de trucs qui m'ont fait du mal
C'est ce qui pèse le plus lourd
Autant s'en séparer un jour


On trouve aussi tous mes espoirs
Tous mes projets et tous mes rêves
Mais nul ne pourra les avoir
C'est mon jardin;le jour s'y lève......


Ma vie d'grenier,rien n'est très beau
Mais parc'que j'repars à zéro
J'veux plus q'du neuf,sans souvenirs
Devant moi s'ouvre l'avenir


Ma vie d'grenier est derrière moi
Demain on s'en va,toi et moi.....

Zerbinette

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Message par Invité Mer 18 Avr - 11:07

Très joli poème Zerbinette et au combien vrai. Je crois que vous avons tous un grenier.

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Par ici les poètes - Page 4 Empty Le dormeur du val

Message par Invité Jeu 26 Avr - 12:35

Le dormeur du val

C'est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.



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Par ici les poètes - Page 4 Empty L'amour caché

Message par Invité Sam 28 Avr - 19:31

L'amour caché

Mon âme a son secret, ma vie a son mystère,
Un amour éternel en un moment conçu :
Le mal est sans espoir, aussi j'ai dû le taire,
Et celle qui l'a fait n'en a jamais rien su.

Hélas ! j'aurai passé près d'elle inaperçu,
Toujours à ses côtés, et pourtant solitaire.
Et j'aurai jusqu'au bout fait mon temps sur la terre,
N'osant rien demander et n'ayant rien reçu.

Pour elle, quoique Dieu l'ait faite douce et tendre,
Elle suit son chemin, distraite et sans entendre
Ce murmure d'amour élevé sur ses pas.

À l'austère devoir, pieusement fidèle,
Elle dira, lisant ces vers tout remplis d'elle
" Quelle est donc cette femme ? " et ne comprendra pas.

Félix Arvers (1806-1850)



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Par ici les poètes - Page 4 Empty Adieu

Message par Invité Dim 6 Mai - 21:29

Adieu

Oui, j'ai quitté ce port tranquille, 
Ce port si longtemps appelé, 
Où loin des ennuis de la ville, 
Dans un loisir doux et facile, 
Sans bruit mes jours auraient coulé. 
J'ai quitté l'obscure vallée, 
Le toit champêtre d'un ami ; 
Loin des bocages de Bissy, 
Ma muse, à regret exilée, 
S'éloigne triste et désolée 
Du séjour qu'elle avait choisi. 
Nous n'irons plus dans les prairies, 
Au premier rayon du matin, 
Egarer, d'un pas incertain, 
Nos poétiques rêveries. 
Nous ne verrons plus le soleil, 
Du haut des cimes d'Italie 
Précipitant son char vermeil, 
Semblable au père de la vie, 
Rendre à la nature assoupie 
Le premier éclat du réveil. 
Nous ne goûterons plus votre ombre, 
Vieux pins, l'honneur de ces forêts, 
Vous n'entendrez plus nos secrets ; 
Sous cette grotte humide et sombre 
Nous ne chercherons plus le frais, 
Et le soir, au temple rustique, 
Quand la cloche mélancolique 
Appellera tout le hameau, 
Nous n'irons plus, à la prière, 
Nous courber sur la simple pierre 
Qui couvre un rustique tombeau. 
Adieu, vallons; adieu, bocages ; 
Lac azuré, rochers sauvages, 
Bois touffus, tranquille séjour, 
Séjour des heureux et des sages, 
Je vous ai quittés sans retour.

Déjà ma barque fugitive 
Au souffle des zéphyrs trompeurs, 
S'éloigne à regret de la rive 
Que n'offraient des dieux protecteurs. 
J'affronte de nouveaux orages ; 
Sans doute à de nouveaux naufrages 
Mon frêle esquif est dévoué , 
Et pourtant à la fleur de l'âge, 
Sur quels écueils, sur quels rivages 
N'ai-je déjà pas échoué ? 
Mais d'une plainte téméraire 
Pourquoi fatiguer le destin ? 
A peine au milieu du chemin, 
Faut-il regarder en arrière ? 
Mes lèvres à peine ont. goûté 
Le calice amer de la vie, 
Loin de moi je l'ai rejeté ; 
Mais l'arrêt cruel est porté, 
Il faut boire jusqu'à la lie ! 
Lorsque mes pas auront franchi 
Les deux tiers de notre carrière, 
Sous le poids d'une vie entière 
Quand mes cheveux auront blanchi, 
Je reviendrai du vieux Bissy 
Visiter le toit solitaire 
Où le ciel me garde un ami. 
Dans quelque retraite profonde, 
Sous les arbres par lui plantés, 
Nous verrons couler comme l'onde 
La fin de nos jours agités. 
Là, sans crainte et sans espérance, 
Sur notre orageuse existence, 
Ramenés par le souvenir, 
Jetant nos regards en arrière, 
Nous mesurerons la carrière, 
Qu'il aura fallu parcourir.

Tel un pilote octogénaire, 
Du haut d'un rocher solitaire, 
Le soir, tranquillement assis, 
Laisse au loin égarer sa vue 
Et contemple encor l'étendue 
Des mers qu'il sillonna jadis.
Alphonse de Lamartine.



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Par ici les poètes - Page 4 Empty Aimons-nous et dormons

Message par Invité Jeu 10 Mai - 12:44

Aimons-nous et dormons

Sans songer au reste du monde !
Ni le flot de la mer, ni l'ouragan des monts,
Tant que nous nous aimons
Ne courbera ta tête blonde,
Car l'amour est plus fort
Que les Dieux et la Mort !

Le soleil s'éteindrait
Pour laisser ta blancheur plus pure.
Le vent, qui jusqu'à terre incline la forêt,
En passant n'oserait
Jouer avec ta chevelure,
Tant que tu cacheras
Ta tête entre mes bras !

Et lorsque nos deux cœurs
S'en iront aux sphères heureuses
Où les célestes lys écloront sous nos pleurs,
Alors, comme deux fleurs
Joignons nos lèvres amoureuses,
Et tâchons d'épuiser
La Mort dans un baiser !

Théodore de Banville.



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Par ici les poètes - Page 4 Empty La Rose et le Réséda

Message par Invité Mar 15 Mai - 0:36

La Rose et le Réséda


 Louis Aragon 



Celui qui croyait au ciel 


Celui qui n'y croyait pas 


Tous deux adoraient la belle 


Prisonnière des soldats 


Lequel montait à l'échelle 


Et lequel guettait en bas 


Celui qui croyait au ciel 


Celui qui n'y croyait pas 


Qu'importe comment s'appelle 


Cette clarté sur leur pas 


Que l'un fut de la chapelle 


Et l'autre s'y dérobât 


Celui qui croyait au ciel 


Celui qui n'y croyait pas 


Tous les deux étaient fidèles 


Des lèvres du coeur des bras 


Et tous les deux disaient qu'elle 


Vive et qui vivra verra 


Celui qui croyait au ciel 


Celui qui n'y croyait pas 


Quand les blés sont sous la grêle 


Fou qui fait le délicat 


Fou qui songe à ses querelles 


Au coeur du commun combat 


Celui qui croyait au ciel 


Celui qui n'y croyait pas 


Du haut de la citadelle 


La sentinelle tira 


Par deux fois et l'un chancelle 


L'autre tombe qui mourra 


Celui qui croyait au ciel 


Celui qui n'y croyait pas 


Ils sont en prison Lequel 


À le plus triste grabat 


Lequel plus que l'autre gèle 


Lequel préfère les rats 


Celui qui croyait au ciel 


Celui qui n'y croyait pas 


Un rebelle est un rebelle 


Deux sanglots font un seul glas 


Et quand vient l'aube cruelle 


Passent de vie à trépas 


Celui qui croyait au ciel 


Celui qui n'y croyait pas 


Répétant le nom de celle 


Qu'aucun des deux ne trompa 


Et leur sang rouge ruisselle 


Même couleur même éclat 


Celui qui croyait au ciel 


Celui qui n'y croyait pas 


Il coule il coule il se mêle 


À la terre qu'il aima 


Pour qu'à la saison nouvelle 


Mûrisse un raisin muscat 


Celui qui croyait au ciel 


Celui qui n'y croyait pas 


L'un court et l'autre a des ailes 


De Bretagne ou du Jura 


Et framboise ou mirabelle 


Le grillon rechantera 


Dites flûte ou violoncelle 


Le double amour qui brûla 


L'alouette et l'hirondelle 


La rose et le réséda.




.

Louis Aragon.

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Par ici les poètes - Page 4 Empty A Julie

Message par Invité Lun 28 Mai - 20:25

À Julie

On me demande, par les rues, 
Pourquoi je vais bayant aux grues, 
Fumant mon cigare au soleil, 
À quoi se passe ma jeunesse, 
Et depuis trois ans de paresse 
Ce qu'ont fait mes nuits sans sommeil.

Donne-moi tes lèvres, Julie ; 
Les folles nuits qui t'ont pâlie 
Ont séché leur corail luisant. 
Parfume-les de ton haleine ; 
Donne-les-moi, mon Africaine, 
Tes belles lèvres de pur sang.

Mon imprimeur crie à tue-tête 
Que sa machine est toujours prête, 
Et que la mienne n'en peut mais. 
D'honnêtes gens, qu'un club admire, 
N'ont pas dédaigné de prédire 
Que je n'en reviendrai jamais.

Julie, as-tu du vin d'Espagne ? 
Hier, nous battions la campagne ; 
Va donc voir s'il en reste encor. 
Ta bouche est brûlante, Julie ; 
Inventons donc quelque folie 
Qui nous perde l'âme et le corps.

On dit que ma gourme me rentre, 
Que je n'ai plus rien dans le ventre, 
Que je suis vide à faire peur ; 
Je crois, si j'en valais la peine, 
Qu'on m'enverrait à Sainte-Hélène, 
Avec un cancer dans le cœur.

Allons, Julie, il faut t'attendre 
À me voir quelque jour en cendre, 
Comme Hercule sur son rocher. 
Puisque c'est par toi que j'expire, 
Ouvre ta robe, Déjanire, 
Que je monte sur mon bûcher.

(Alfred de Musset)



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Par ici les poètes - Page 4 Empty Ce qui dure

Message par Invité Jeu 7 Juin - 12:48

Ce qui dure

Le présent se fait vide et triste, 
Ô mon amie, autour de nous ; 
Combien peu de passé subsiste ! 
Et ceux qui restent changent tous.

Nous ne voyons plus sans envie 
Les yeux de vingt ans resplendir, 
Et combien sont déjà sans vie 
Des yeux qui nous ont vus grandir !

Que de jeunesse emporte l'heure, 
Qui n'en rapporte jamais rien ! 
Pourtant quelque chose demeure : 
Je t'aime avec mon cœur ancien,

Mon vrai cœur, celui qui s'attache 
Et souffre depuis qu'il est né, 
Mon cœur d'enfant, le cœur sans tache 
Que ma mère m'avait donné ;

Ce cœur où plus rien ne pénètre, 
D'où plus rien désormais ne sort ; 
Je t'aime avec ce que mon être 
A de plus fort contre la mort ;

Et, s'il peut braver la mort même, 
Si le meilleur de l'homme est tel 
Que rien n'en périsse, je t'aime 
Avec ce que j'ai d'immortel.

(René-François Sully Prudhomme)


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Par ici les poètes - Page 4 Empty Hier, la nuit d'été

Message par Invité Lun 11 Juin - 12:31

Hier, la nuit d'été

Hier, la nuit d'été, qui nous prêtait ses voiles,
Etait digne de toi, tant elle avait d'étoiles !
Tant son calme était frais ! tant son souffle était doux !
Tant elle éteignait bien ses rumeurs apaisées !
Tant elle répandait d'amoureuses rosées
Sur les fleurs et sur nous !

Moi, j'étais devant toi, plein de joie et de flamme,
Car tu me regardais avec toute ton âme !
J'admirais la beauté dont ton front se revêt.
Et sans même qu'un mot révélât ta pensée,
La tendre rêverie en ton cœur commencée
Dans mon cœur s'achevait !

Et je bénissais Dieu, dont la grâce infinie
Sur la nuit et sur toi jeta tant d'harmonie,
Qui, pour me rendre calme et pour me rendre heureux,
Vous fit, la nuit et toi, si belles et si pures,
Si pleines de rayons, de parfums, de murmures,
Si douces toutes deux !

Oh oui, bénissons Dieu dans notre foi profonde !
C'est lui qui fit ton âme et qui créa le monde !
Lui qui charme mon cœur ! lui qui ravit mes yeux !
C'est lui que je retrouve au fond de tout mystère !
C'est lui qui fait briller ton regard sur la terre
Comme l'étoile aux cieux !

C'est Dieu qui mit l'amour au bout de toute chose,
L'amour en qui tout vit, l'amour sur qui tout pose !
C'est Dieu qui fait la nuit plus belle que le jour.
C'est Dieu qui sur ton corps, ma jeune souveraine,
A versé la beauté, comme une coupe pleine,
Et dans mon cœur l'amour !

Laisse-toi donc aimer ! — Oh ! l'amour, c'est la vie.
C'est tout ce qu'on regrette et tout ce qu'on envie
Quand on voit sa jeunesse au couchant décliner.
Sans lui rien n'est complet, sans lui rien ne rayonne.
La beauté c'est le front, l'amour c'est la couronne :
Laisse-toi couronner !

Ce qui remplit une âme, hélas ! tu peux m'en croire,
Ce n'est pas un peu d'or, ni même un peu de gloire,
Poussière que l'orgueil rapporte des combats,
Ni l'ambition folle, occupée aux chimères,
Qui ronge tristement les écorces amères
Des choses d'ici-bas ;

Non, il lui faut, vois-tu, l'hymen de deux pensées,
Les soupirs étouffés, les mains longtemps pressées,
Le baiser, parfum pur, enivrante liqueur,
Et tout ce qu'un regard dans un regard peut lire,
Et toutes les chansons de cette douce lyre
Qu'on appelle le cœur !

Il n'est rien sous le ciel qui n'ait sa loi secrète,
Son lieu cher et choisi, son abri, sa retraite,
Où mille instincts profonds nous fixent nuit et jour ;
Le pêcheur a la barque où l'espoir l'accompagne,
Les cygnes ont le lac, les aigles la montagne,
Les âmes ont l'amour !

Victor Hugo. Le 21 mai 1833.



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Par ici les poètes - Page 4 Empty Le baiser (II)

Message par Invité Jeu 21 Juin - 17:37

Le baiser (II)

Comme une ville qui s'allume
Et que le vent achève d'embraser,
Tout mon cœur brûle et se consume,
J'ai soif, oh ! j'ai soif d'un baiser.

Baiser de la bouche et des lèvres
Où notre amour vient se poser,
Plein de délices et de fièvres,
Ah ! j'ai soif, j'ai soif d'un baiser !

Baiser multiplié que l'homme
Ne pourra jamais épuiser,
Ô toi, que tout mon être nomme,
J'ai soif, oui, j'ai soif d'un baiser.

Fruit doux où la lèvre s'amuse,
Beau fruit qui rit de s'écraser,
Qu'il se donne ou qu'il se refuse,
Je veux vivre pour ce baiser.

Baiser d'amour qui règne et sonne
Au cœur battant à se briser,
Qu'il se refuse ou qu'il se donne,
Je veux mourir de ce baiser.

Germain Nouveau (1851-1920)



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Par ici les poètes - Page 4 Empty La feuille

Message par Invité Dim 1 Juil - 17:44

La feuille

De ta tige détachée,
Pauvre feuille desséchée,
Où vas-tu ? — Je n'en sais rien.
L'orage a frappé le chêne
Qui seul était mon soutien.
De son inconstante haleine,
Le zéphyr ou l'aquilon
Depuis ce jour me promène
De la forêt à la plaine,
De la montagne au vallon.
Je vais où le vent me mène.
Sans me plaindre ou m'effrayer,
Je vais où va toute chose,
Où va la feuille de rose
Et la feuille de laurier.

Antoine-Vincent Arnault (1766-1834)



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Par ici les poètes - Page 4 Empty Le Pont Mirabeau

Message par Invité Dim 8 Juil - 20:04

Le Pont Mirabeau

Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu'il m'en souvienne
La joie venait toujours après la peine.

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure.

Les mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l'onde si lasse.

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure.

L'amour s'en va comme cette eau courante
L'amour s'en va
Comme la vie est lente
Et comme l'Espérance est violente.

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure.

Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine.

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure.

Guillaume Apollinaire


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